L’abaissement, par Fitch ratings, de la notation de la Tunisie de B+ à B dit seulement que la situation s’est légèrement dégradée, estime Hedi Sraieb, Docteur d’Etat en économie du développement, dans une déclaration accordée à l’agence TAP.
A quoi servent les agences de notation ?
Les agences de notations sont des organismes indépendants qui ont pour mission de donner un avis sur la santé économique et financière d’un pays (ou d’une entreprise) à intervalles de temps réguliers (2 ou 3 fois par an). La note attribuée après un diagnostic approfondi, reflète l’opinion de l’agence sur l’état de santé générale du pays.
Cela fonctionne comme une note scolaire : A correspond à ” bon “, B correspond à ” moyen “, C correspond à ” médiocre “. Ces trois principales notes sont ensuite affiner en 3 sous-cotes. On a alors 3 A correspond à ” excellent “, 3B à ” honorable “, 3C à ” très mauvais “.
Cette manière de faire, permet de différencier un peu plus les pays notés. Chaque agence a donc son propre barème. Après chaque diagnostic les agences modifient leur note (notation). La nouvelle note traduit comme à l’école une amélioration de la performance (passer de B à A), une dégradation (passer de A à B).
Le travail effectué par les agences est reconnu par toute la communauté financière. Les bailleurs de fonds publics comme privés se servent de cette notation pour ajuster leurs offres de prêts, car la note reflète aussi la solidité financière du pays et par là, sa capacité de remboursement.
Fitch Ratings rétrograde la notation de la Tunisie
Dit autrement, la notation reflète le ” risque ” pays. L’Allemagne qui a un AAA, peut emprunter à un très faible coût (son risque est inexistant), mais à l’inverse des pays comme le Venezuela (3C) c’est-à-dire avec un risque maximum, ne peut emprunter qu’à des taux d’intérêt très élevés.
Quel rôle jouent-elles en temps de crise ?
Dans des contextes de retournement de conjoncture et d’apparition d’une crise, la plupart des pays ont besoin de s’endetter pour faire face aux problèmes que rencontrent leurs économies.
La notation réalisée par les agences va donc donner aux bailleurs de fonds une idée du ” risque pays ” et leur permettre de préciser le taux d’intérêt et les montants auxquels ils sont prêts à offrir leurs disponibilités financières.
La note renseigne les principaux préteurs. Si le coût de l’argent au jour le jour (entre toutes les banques) est de 1%, la communauté financière va donc demander selon les pays, une prime de risque (premium) qui va varier en fonction de la notation.
Fitch ratings vient d’abaisser la notation de défaut émetteur à long terme en devises de la Tunisie (IDR) à “B+” à “B” avec perspectives stables. Quelles seront les conséquences de cette dégradation sur le pays ?
La Tunisie est traditionnellement bien classée même si elle a encore des faiblesses. La sophistication des notes en 3 sous catégories auxquelles sont rajoutées 3 signes (= / + / -) ne doit pas faire illusion. Le changement de B+ à B dit seulement que la situation s’est légèrement dégradée.
Ainsi, si la Tunisie pouvait emprunter sur les marchés internationaux à 6.5%, la nouvelle note tend à indiquer que le taux d’intérêt pourrait être plus élevé de quelques points (100 points = 1%). Du coup, si la Tunisie devait sortir sur les marchés financiers, cela pourrait lui coûter entre 30 ou 80 points de plus (0,3%, 0.8%).