Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a publié, le 14 mai 2020, une circulaire annonçant la rationalisation, au cours de la prochaine année, de la prime de rendement attribuée aux employés, de manière à ce qu’elle ne dépasse pas une moyenne de 80%, outre le gel des recrutements dans la fonction publique, à l’exception de certaines spécialités prioritaires et à caractère urgent.
Aucun accord ayant impact financier ne sera signé
Selon la circulaire, qui présente une série de mesures liées à l’élaboration du budget de l’Etat pour l’exercice 2021, aucun accord ne pourra être signé et aucune mesure ayant un impact financier ne pourra être prise sans consultation avec les services de la présidence du gouvernement et du ministère des Finances.
Toujours selon le même document, les promotions de l’année 2020 ne seront activées qu’en 2021, et celles de 2021 seront reportées à 2022.
Le circulaire prévoit aussi le report de tous les nouveaux programmes de formation, dans le cadre des recrutements prévus pour l’année 2022, la non-compensation des postes vacants et le recours au redéploiement des ressources humaines disponibles, pour couvrir les besoins dans l’administration tunisienne, tout en dispensant les formations nécessaires aux fonctionnaires.
Des congés de compensation pour remplacer les heures supplémentaires
Le document stipule, en outre, de limiter l’enveloppe allouée à la prime des heures supplémentaires à 50% de celui du budget 2020, dans les différents départements, à l’exception de ceux de la défense, de l’intérieur, de la santé et de la présidence de la République.
Les fonctionnaires qui travaillent des heures supplémentaires bénéficieront d’un congé de compensation, précise le même document.
Impératif de maîtriser la masse salariale
Le gouvernement estime que l’évolution significative de la masse salariale, laquelle a atteint des niveaux records, nécessite plus d’efforts de pouvoir la maîtriser et la ramener progressivement à des proportions raisonnables par rapport au PIB.
Pour rappel, le budget de la Tunisie pour 2020 s’élève à environ 47 milliards de dinars, dont une enveloppe de 20 milliards de dinars est réservée au payement des salaires.
Dans cette circulaire adressée aux ministres, aux secrétaires d’Etat, aux chefs des structures et des instances constitutionnelles indépendantes, ainsi qu’aux gouverneurs, le gouvernement rappelle que l’ensemble de ces mesures ont été prises dans le cadre d’une conjoncture délicate marquée par l’émergence de la Covid-19.
Cette pandémie, souligne encore le document, aura des impacts négatifs sur l’économie nationale et sur les finances publiques, “ce qui aura pour conséquence une régression importante des ressources de l’Etat”.
Apprauvissement des agents publics?
Il convient de souligner que ces mesures ont suscité une grande vague de colère sur les réseaux sociaux, accusant le gouvernement d’adopter une politique “d’appauvrissement” des fonctionnaires du secteur public.
Pour ce qui est des dépenses de fonctionnement, la circulaire appelle les départements gouvernementaux et tous les établissements publics à doubler d’effort pour rationaliser ces dépenses durant la période 2021-2023 (l’objectif recherché est d’œuvrer à ce que l’évolution ne dépasse pas les 3%), à assurer une meilleure gestion des moyens de transport administratifs et à maîtriser les dépenses des réceptions et des missions à l’étranger.
Maîtrise de l’énergie…
Par ailleurs, le document propose de rationaliser la consommation d’énergie en recourant davantage aux énergies alternatives et renouvelables, ainsi que d’élaborer un plan quinquennal pour le rééchelonnement des payements au profit des fournisseurs publics, après consultation des services du ministère des Finances.
En ce qui concerne les dépenses d’investissement, la circulaire appelle à leur donner la priorité absolue pour achever les projets et les programmes annuels, notamment les grands projets, ce qui permettrait d’impulser le développement et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, surtout dans les régions intérieures.