La pandémie du coronavirus, bien que dévastatrice, a bien permis de braquer les projecteurs sur l’utilité des nouvelles technologies en ces temps de crise.
En Tunisie, la crise sanitaire a permis de repérer un autre domaine dans lequel des jeunes tunisiens seront appelés à exceller, celui de l’Intelligence artificielle.
Souvent abrégée avec le sigle IA, l’Intelligence artificielle n’est plus une simple vision futuriste dans le pays, mais une performance déployée et bien mise en œuvre, depuis le début de l’épidémie pour lutter contre la propagation du virus et aider au bon respect des mesures de confinement général décrété par les autorités tunisiennes depuis le 20 mars 2020.
Des robots intelligents à la rescousse !
Parmi les initiatives relatives à ce domaine et qui ont attiré bien l’attention de la presse nationale et internationale, l’on ne peut s’empêcher de relater l’expérience de la start-up tunisienne ” Enova Robotics “.
La jeune start-up, 100% tunisienne, fondée depuis 2015 à Sousse, a déjà offert plusieurs robots intelligents pour aider à la lutte contre la crise sanitaire : le premier robot a été mis à la disposition du ministère de l’Intérieur.
C’est un robot de patrouille bourré de technologies avancées piloté à distance par les forces de la police afin de s’assurer du bon respect du confinement par les habitants. Une approche inédite en Afrique qui a été fortement relayée par la presse internationale.
Le deuxième robot a été déployé à l’hôpital Abderrahmane Mami à l’Ariana, pour prendre en charge l’admission des patients suspectés d’infection du virus Covid-19, et ce afin de limiter les contacts entre soignants et malades et éviter la contamination parmi le personnel médical.
Le robot a été offert à l’hôpital par la société Draexlmaier Tunisie, spécialisée dans la production des composantes automobiles, qui l’a auparavant acquis auprès de la start-up Enova Robotics.
Des cas d’usage multiples de l’IA
Au-delà de ces projets, d’autres initiatives sont en cours de déploiement pour aider le gouvernement à faire face à la crise sanitaire. Parmi ces projets figurent : une plateforme développée par les enseignants de l’INSAT faisant usage de l’intelligence artificielle pour aider à diagnostiquer instantanément le nouveau coronavirus à partir de radiographies des poumons, ce qui pourrait accélérer le dépistage de la maladie Covid-19 en Tunisie.
Il s’agit également d’un algorithme de prédiction de l’évolution de l’épidémie en se basant sur les données recueillies par l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONME) du ministère de la Santé.
Trois autres initiatives ont également été mises au point : une application mobile de suivi des personnes en confinement à l’image de celles utilisées en Corée de Sud, un algorithme de reconnaissance faciale du port du masque qui permettra d’évaluer le degré de respect des mesures de déconfinement mises en place et l’obligation du port du masque dans les lieux publics, en plus des drones de surveillance équipés de caméra infra-rouge permettant de vérifier à distance la température corporelle relativement élevée des citoyens se trouvant dans son périmètre.
Ces drones sont également équipés de hauts parleurs permettant de passer des messages de sensibilisation pour prévenir contre les dangers que constitue cette pandémie.
“L’ensemble de ces projets, qui émergent un peu partout, sont le résultat d’un élan national de solidarité sans précédent qui a réuni l’ensemble des forces vives du pays pour faire face à la crise : les entreprises des secteurs privé et public, la société civile, ainsi que les universités”, estime le directeur général de l’Innovation et du développement technologique, Kais Mejri.
L’IA au cœur de la stratégie industrielle 4.0
Au-delà des projets d’Intelligence artificielle développés dans le cadre de la crise sanitaire, il y a lieu de souligner que le ministère de l’Industrie et des PME mène, à travers sa Direction générale de l’innovation et du développement technologique, depuis plus qu’un an, une politique très active pour promouvoir l’intelligence artificielle, et ce dans le cadre de sa stratégie d’industrie 4.0.
D’après Mejri, “l’Intelligence artificielle est en effet une technologie de rupture qui, une fois déployée, offrira à la Tunisie un potentiel de croissance économique important, grâce aux opportunités nombreuses qu’elle offre”.
” A l’ère de la transformation numérique, explique-t-il, l’IA devrait être une thématique centrale pour les entreprises et les gouvernements. Les cas d’usage ne manquent pas pour démontrer ses bienfaits et son potentiel. L’IA est un avantage compétitif certain et le gouvernement doit saisir cette opportunité pour élaborer une stratégie nationale dans ce domaine”.
” Elle constitue aujourd’hui, la fer de lance de la stratégie industrie 4.0 du ministère, et favorise l’accroissement de la compétitivité des entreprises tunisiennes en diminuant les coûts de production grâce à création des ” employés augmentés “, des managers optimisés par la complémentarité entre l’homme et la machine dotée d’intelligence “.
Pour mémoire, le ministère de l’Industrie avait organisé, en avril 2019, le ” smart industry forum ” autour du thème : ” l’IA en tant que levier de compétitivité économique “, une conférence internationale qui a engagé la réflexion autour d’une feuille de route nationale de l’IA en présence d’experts nationaux et internationaux de la diaspora tunisienne.
En septembre 2019, le ministère a également organisé, avec InstaDeep et Google, le plus grand hackathon IA jamais réalisé au niveau de l’Afrique et la région MENA baptisé ” Ai-Hack Tunisia 2019 “.
Le hackathon avait réuni à la salle omnisport de Radès environ 1 200 personnes venues de 23 pays et une cinquantaine d’experts internationaux spécialisés en IA. Pour la première fois, les thématiques traitées étaient issues de données réelles tirées des défis des administrations et entreprises tunisiennes.
Des projets ambitieux en perspective
Selon Kais Mejri, la Tunisie dispose de tous les atouts pour être le hub africain et de la région arabe en matière de l’IA.
Le rapport de 2019 de ” Government AI readiness Index ” sur le degré de maturité des gouvernements en matière de l’IA le confirme. La Tunisie a été placée au 2ème rang sur le plan africain juste derrière le Kenya et bien loin devant l’Afrique du Sud, le Ghana, le Maroc ou l’Algérie.
Un tel classement ne peut qu’encourager les décideurs politiques à prendre davantage les mesures nécessaires pour réussir ce nouveau virage technologique de l’intelligence artificielle pour assurer le développement du pays !