Si le confinement ciblé perdure, il est nécessaire de suivre de près les changements de la demande au niveau du marché durant la période à venir afin de prendre les décisions appropriées avec l’ensemble des intervenants dans tous les secteurs et éviter les distorsions entre l’offre et la demande. C’est l’une des recommandations d’une étude prospective de l’ITES intitulée: ” La Tunisie face au Covid-19 à l’horizon 2025 : fondements d’une stratégie conciliant l’urgence du court terme et les impératifs du moyen terme “, rendue publique vendredi 22 mai 2020.
Dans un premier temps, l’étude propose d’étudier les tendances de consommation par produit et de tenter d’expliquer les facteurs socio-économiques déterminants de cette évolution, notamment les variations des prix des produits, les difficultés d’approvisionnement du marché, le ralentissement d’activité des secteurs agricoles et de pêche, la baisse du pouvoir d’achat d’une catégorie de la population ainsi que le régime des subventions adoptés en Tunisie.
Subventionner la consommation de l’huile d’olive
“Ne serait-il pas nécessaire dans ce contexte que les pouvoirs publics étendent les subventions à d’autres produits telle que l’huile d’olive connue pour ses vertus alimentaires et fortement recommandée pour la santé nutritionnelle partout dans le monde. Cette subvention pourrait être prélevée sur une taxation à instaurer sur les autres huiles végétales”, lit-on dans le document.
Ces politiques sociales, mises en place depuis l’indépendance, qui avaient pour objectif principal la protection du pouvoir d’achat des consommateurs, ont traditionnellement concerné des produits considérés de base tels que les céréales, le sucre, l’huile végétale et le thé et ont encouragé plutôt la consommation de féculents, de glucides et de lipides qui ne sont pas bénéfiques pour la santé humaine selon les nutritionnistes.
Or, cette tendance n’est pas en accord avec les objectifs de la sécurité alimentaire définis par la FAO et est à l’origine de la propagation des maladies chroniques associées à l’alimentation riche en gras et en sucres, selon l’étude de l’ITES.
Réintroduction de la diète méditerranéenne dans les habitudes alimentaires
En Tunisie, l’obésité a touché près d’un quart de la population (23,8%), soit le double de la moyenne mondiale de 11,7%. Les maladies cardiovasculaires 10% et le diabète type II 14% entraînant des charges importantes au niveau de la caisse nationale d’assurances maladies.
De ce fait, la diète méditerranéenne, basée essentiellement sur les fruits et légumes et l’huile d’olive pourrait être réintroduite dans les habitudes alimentaires des consommateurs tunisiens en vue de leur assurer un système de consommation durable et de qualité.
Le ministère de la Santé publique et l’institut de nutrition auraient un rôle important afin d’inciter et de sensibiliser à la consommation d’un panier alimentaire plus diversifié et décourager la consommation d’aliments hautement énergétiques mais nuisibles pour la santé humaine.
Révision de la politique de libéralisation des prix des fruits et légumes et les poissons
Il serait utile de réviser la politique de libéralisation des prix pratiquée de nos jours et envisager une fixation des prix des fruits et légumes et des poissons, pour encourager leur consommation, tout en garantissant une marge convenable pour les producteurs qui veille à l’adéquation entre le pouvoir d’achat du consommateur et la rentabilité dans les exploitations agricoles
Ceci contribuera à l’homogénéisation des prix dans les différents points de vente et assurera plus de transparence pour les consommateurs qui ont tendance jusque-là à se diriger vers les produits subventionnés compte tenu de leurs prix fixés et visibles.
Ainsi, des campagnes de sensibilisation pour encourager la consommation des dérivés du blé dur, les légumineuses et les poissons bleus dont les prix restent accessibles, seraient bénéfiques pour préserver la santé du consommateur en l’incitant à les intégrer davantage dans ses habitudes alimentaires.
D’autre part, sachant que le poulet est une viande blanche recommandée par les nutritionnistes, il serait judicieux de promouvoir davantage la production de viandes de volailles en abaissant les prix en vue de permettre un écoulement rapide des stocks et d’alléger les unités de stockage et d’éviter la péremption des quantités congelées au cas où le confinement ciblé se prolongerait et où la consommation ne reprendrait pas son rythme normal.
Promouvoir le commerce de proximité et le e-commerce des produits agricoles et agroalimentaires
Face à un prolongement de cette crise, l’enjeu important pour l’avenir serait de garantir une meilleure transparence des réseaux de distribution, en encouragement des producteurs à vendre leurs produits dans les marchés de gros par le biais de subvention du transport et la fixation des prix pour contrecarrer les circuits parallèles.
Parmi les autres mesures, préconisées par l’étude, le paiement des producteurs à la livraison de la marchandise et la diminution des intermédiaires permettant de réduire significativement les prix d’achat par les consommateurs.
Ultérieurement, il serait judicieux de penser à réduire les circuits de distribution et favoriser l’achat direct et coopératif, à travers la création d’un réseau de boutiques mobiles uni produits pour les produits frais et la promotion de la consommation des produits locaux à travers le e-commerce…