Près de la moitié des projets du plan stratégique “Tunisie digitale 2020″ n’ont pas encore vu le jour, mais seront programmés dans le cadre d’un nouveau plan 2020-2025. C’est ce qu’indique le ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Mohamed Fadhel Kraiem, lors d’un webinaire tenu jeudi 28 mai 2020 sur le thème ” Le secteur numérique post-Covid-19: enjeux et challenges “.

Il a souligné “l’obligation d’avancer très vite dans ces projets”, relevant que le “problème aujourd’hui n’est pas dans l’identification des projets, mais comment aller plus vite dans leur exécution. D’ailleurs, le problème des délais d’exécution ne concerne pas uniquement les projets dans le secteur des TIC mais tous les domaines, à l’instar du projet de Port en eau profonde d’Enfidha qui date de 2005″.

” Nous sommes appelés à réaliser les projets programmés à un rythme normal d’exécution, en simplifiant les procédures administratives et en luttant contre la bureaucratie, considérées comme étant les causes principales de retard dans la réalisation des projets “, plaide-t-il.

Pour accélérer les délais d’exécution, “le ministère œuvre à capitaliser sur l’idée de comités mixtes, créés durant la période de gestion de la crise de la COVID-19, en partenariat avec les secteurs public et privé, ainsi qu’avec la société civile pour trouver de solutions, notamment aux principaux secteurs vitaux touchés par cette crise, dont la santé et les affaires sociales”.

Réunion du Conseil stratégique de l’économie numérique en juin 2020

“Nous pensons rattacher le travail de ces comités au Conseil stratégique de l’économie numérique, en tant qu’outil pour promouvoir les projets inscrits au plan 2020 ainsi que dans celui de 2025, qui est en cours d’élaboration. Pour ce faire, nous œuvrons à identifier un cadre légal régissant ces comités, que nous proposerons lors de la réunion du Conseil stratégique de l’économie numérique, qui se tiendra à la fin du mois de juin 2020”, a-t-il avancé.

moderniser l’administration à travers la digitalisation des services rendus aux citoyens ainsi que des procédures internes entre les administrations.

S’agissant du volet de la lutte contre la bureaucratie, il a indiqué que ce volet est inscrit dans les axes de court terme du ministère, programmés pour la fin de cette année. Il s’agit de moderniser l’administration à travers la digitalisation des services rendus aux citoyens ainsi que des procédures internes entre les administrations. Les détails de ce projet seront annoncés au cours des prochaines semaines.

Fadhel Kraiem rappelle également que la Tunisie a réalisé des avancées en la matière, citant à cet égard la publication dans le JORT du cadre réglementaire de l’identifiant unique alors que le décret-loi des documents électroniques a déjà été publié.

Lire aussi: “Le projet de l’identifiant national est une étape importante vers la mise en place d’une administration intelligente en Tunisie” (CRES)

Lancement du fonds des fonds pour promouvoir les startups

Le ministre des TIC précisera dans son intervention que son département a eu l’accord pour l’obtention d’un crédit de la Banque mondiale pour lancer le fonds des fonds qui va permettre de présenter des solutions en matière d’investissement et de financements pour les startups, lesquelles ont joué un rôle clé durant la période de gestion de la crise, rappelant que plus de 260 startups sont aujourd’hui labellisées, grâce à la “startup Act“, loi promulguée en 2019.

Le fonds des fonds aidera à financer les entreprises innovantes dans le secteur des technologies et de l’économie en général, en difficultés de financement.

le Tunisien s’est montré ouvert et réceptif aux solutions technologiques (télétravail, paiement à distance, télédéclaration …), d’où l’importance de passer à la phase d’ancrage de l’utilisation de ces technologies,

Une vingtaine de projets dans le domaine numérique ont été mis en œuvre durant seulement 3 mois, en cette période de gestion de la crise de la Covid-19, grâce à des talents tunisiens qui se sont montrés aptes à trouver des solutions à des problématiques diverses, dont l’application ” wikaya ” (prévention) qui permettra à différents établissements de suivre les déplacements de leurs clients, ainsi que l’application qui permet de mesurer le niveau de respect du confinement et qui est mise à la disposition de la salle des opérations de la garde nationale, à la caserne d’El Ouina…

En outre, le Tunisien s’est montré ouvert et réceptif aux solutions technologiques (télétravail, paiement à distance, télédéclaration …), d’où l’importance de passer à la phase d’ancrage de l’utilisation de ces technologies, en éduquant et en incitant le citoyen et l’entreprise à utiliser de plus en plus les moyens digitaux, a-t-il insisté.

A cet égard, il a cité l’exemple de télétravail, avec des sociétés qui travaillent à 100% en télétravail dont certaines entreprises publiques, estimant qu’il est possible de prévoir un cadre juridique régissant le télétravail, voir même encourageant ce mode de travail.

Il a précisé qu’il y a des entreprises en Europe qui imposent à leur personnel un ou deux jours de travail à distance. “Même expérience concluante pour l’enseignement à distance, puisqu’en dépit de quelques difficultés, plus de 200 mille étudiants ont utilisé les plateformes d’enseignement à distance de l’Université virtuelle de Tunis (UVT), ce qui montre qu’il y a des bases sur lesquelles le pays peut construire”, a-t-il conclu.

Le secteur des TIC a joué un rôle essentiel durant la crise de Covid-19

Même s’il y a un risque pour plus de 53% des entreprises d’une baisse de 30% de leur chiffre d’affaires, à cause de la crise sanitaire, les TIC apparaissent comme un secteur vital, grâce à la réalisation d’actions digitales concrètes qui ont permis de gérer cette crise , a souligné le président de la Fédération nationale du numérique, Kaïs Sellami.

la crise de la Covid-19 a été le catalyseur de plusieurs initiatives de digitalisation de l’administration, dont le projet de l’identité électronique

Sur ce point, la DG de l’Agence nationale de certification électronique (ANCE), Syrine Tlili, a expliqué que la crise de la Covid-19 a été le catalyseur de plusieurs initiatives de digitalisation de l’administration, dont le projet de l’identité électronique qui était une nécessité durant la période de confinement, pour pouvoir accomplir les procédures électroniques en ligne en toute confiance, telle que la télédéclaration.

Ainsi, ce projet de l’identifiant unique a été fait dans le cadre d’un partenariat public-public, entre l’ANCE, le centre informatique du ministère des finances et le Registre national des entreprises.L’objectif est de mettre en place une certification électronique, permettant au contribuable et au comptable de pouvoir faire rapidement la télédéclaration.

Aussi, le partenariat public-privé a fait ses preuves. Au lieu de lancer des appels d’offres pour la réalisation des services de confiance numérique offerts aux clients (signature électronique, certification …) , l’ANCE a signé des conventions avec des autorités d’enregistrement déléguées (AED), dont la plupart sont des startups, qui ont pu développer des services de confiance au client, dans un délai de 10 jours.

Sur ce point, Amel Saidane, présidente de l’Association Tunisia Startups, a appelé à pérenniser la relation entre l’Etat et les startups, en leur permettant d’accéder facilement aux services web et au Data, soulignant la nécessité d’accompagner les startups et de proposer des instruments de sauvetage spécifiques d’autant plus que les startups représentent un écosystème naissant qui demeure encore fragile, puisque plus de 80% des startups déclarent avoir besoin d’une aide financière.