L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) affirme sa mobilisation aux côtés des forces nationales pour “mettre en échec, par tous les moyens, l’utilisation du territoire tunisien comme point de départ pour une intervention américaine, turque ou autre en Libye”.
Dans une déclaration publiée dimanche 31 mai 2020 par son bureau exécutif, l’UGTT s’engage à “mobiliser toutes ses forces et à exercer tous les moyens de pression pour interdire (toute tentative visant à) entraîner la Tunisie dans la politique des axes”.
La centrale syndicale demande à tous les niveaux d’autorité à s’en tenir à une position de refus de tout alignement et à mettre le pays à l’abri de toute implication dans la destruction de la Libye.
“La position de l’UGTT, explique la déclaration, intervient à un moment où les menaces s’aggravent : des politiques tunisiens se sont empêtrés dans le soutien d’une partie ou d’une autre; outre les déclarations du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) dévoilant une stratégie visant à exploiter le territoire tunisien pour une intervention des Etats-Unis dans le conflit libyen”.
L’UGTT appelle, à cet égard, le président de la République et les députés patriotiques à “soumettre une initiative législative interdisant à quiconque, quelle qu’en soit la position et quelle qu’en soit la force, d’entraîner la Tunisie dans la politique des axes contre l’intérêt de la Tunisie, de nos frères libyens et des peuples de la région arabe”.
Le syndicat réclame aux autorités tunisiennes, en particulier le président de la République à prendre toutes les mesures sécuritaires et souveraines pour garantir la protection des frontières et interdire les déplacements des terroristes depuis et vers la Libye. Il s’agit de ne pas répéter l’expérience criminelle consistant en l’envoi de milliers de jeunes aux foyers de tension et des conflits.
L’UGTT réitère son refus à toute intervention étrangère en Libye qu’elle considère comme une occupation directe, appelant à la nécessité d’imposer un règlement inter-libyen à la crise à travers le dialogue qui doit être précédé par la cessation des hostilités.
“La situation en Libye s’aggrave après l’intervention directe de plusieurs pays et le transfert de milliers de terroristes qui ont subi des échecs cuisants en Syrie”, déplore l’UGTT. Selon elle, l’objectif est de déplacer le conflit entre les différents axes des pays impérialistes du front syrien au front libyen et puis à d’autres fronts en Afrique. Avec pour dessein le partage des zones d’influence et la mainmise sur les richesses en pétrole, gaz et uranium.
Cette situation explosive constitue une menace directe pour la Tunisie aux niveaux de son intégrité territoriale, de sa sécurité, et de sa situation économique et sociale, avertit l’UGTT.
A rappeler que dans un communiqué publié vendredi dernier, l’Africom a évoqué la possibilité de recourir à une brigade d’assistance sécuritaire sur le sol tunisien en lien avec les développements en Libye. L’ambassade des Etats-Unis à Tunis a précisé samedi 30 mai qu'”au sujet de la brigade d’assistance aux forces sécuritaires évoquée dans le communiqué de presse d’Africom, il s’agit d’une simple unité de formation dans le cadre d’un programme d’assistance militaire, qui n’implique en aucun cas des forces militaires de combat”.
Le ministère de la Défense indique, dans un communiqué publié le 28 mai 2020, que le ministre de la Défense, Imed Hazgui, a eu un entretien téléphonique avec le chef de l’Africom, Stephen Townsend. L’entretien a porté sur “la coopération militaire entre les deux pays et les moyens de la renforcer”. Ils ont convenu de “reprogrammer les activités bilatérales, y compris les exercices conjoints qui avaient été reportés en raison de la situation d’urgence sanitaire”.