La Tunisie est entrain de vivre depuis le déclenchement de la révolution de 2011, c’est-à-dire depuis presque neuf ans, un problème structurel économique à savoir le chômage. Ce fléau est dû à la mauvaise situation économique qui s’est colorée d’une hausse des chômeurs de tout genre. Le nombre de ces chômeurs a atteint environ six cent mille d’individus dont plus du tiers sont des diplômés. Certains de ces chômeurs ont plus de cinq dans le chômage.
Les causes sont multiples mais les plus importantes sont la fermeture de plusieurs entreprises étrangères opérant dans le cadre de la loi 72 ainsi qu’une partie d’entreprises publiques a subi des arrêts de production du fait des grèves.
Les perspectives économiques en Tunisie ne sont pas prometteuses voire même sont sans espoir c’est-à-dire l’économie n’a pas encore trouvé le juste chemin qui mène à l’amélioration de la vie des citoyens.
L’espoir d’une relance économique est presque inexistant et les grandes sociétés et les hommes d’affaires importants ne se soucient pas de l’avenir du pays. Ces gens ne sont pas pour une nouvelle démocratie car ils étaient les maîtres du pays. Ils ne sont pas prêts à accepter la démocratie fiscale. Ils ne veulent pas dépenser aucun sou.
Les disparités régionales continuent à se renforcer et à se creuser. Les politiques mises en œuvre ne sont pas adéquates et les stratèges qui ont lancé les propositions n’ont rien avoir avec le développement économique ; des propositions superficielles dont l’objectif essentiel est de calmer les protestations.
La croissance économique est passée de 10% en 2009 à 0% en 2015 et à 1,5% en 2016 et 2017 (les chiffres de 2018 et 2019 ne sont pas fiables).
La dette publique pourrait atteindre les 100 milliards de dinars en 2020; la production du phosphate et du pétrole ont fortement diminué pour plusieurs raisons, notamment grèves et autres sabotages. La majorité des indicateurs économiques ne se sont pas améliorés, certains se sont même détériorés.
L’amélioration de la situation est tributaire de l’amélioration du climat social, d’une part, et la stabilité sécuritaire, d’autre part. L’activité et la productivité de l’industrie demeurent encore entravées et handicapées par plusieurs contraintes sociales, sécuritaires et autres.
On parle d’amélioration d’indicateurs économiques, mais la vérité est complètement autre. La croissance à fin de 2020 ne dépassera pas le 1% voire nulle, selon les prévisions des organisations internationales spécialisées.
L’approche stratégique consiste à faire de la croissance un tremplin pour une nouvelle situation mieux prononcée que la précédente. En d’autres termes, il ne faut pas s’arrêter au stade de la croissance mais pousser davantage la croissance au-delà des possibilités pour pouvoir résister aux matraques de la concurrence internationale qui est partout.
Elle fait référence à toute décision concernant l’avenir tout en donnant la priorité aux futures relations avec son développement économique.
En effet, certains n’ont pas donné de l’importance et non pas suivi l’évolution de leur marché d’une manière qui leur permet de réagir avec toute aisance à toute menace des concurrents. Cette négativité, si elle continue à se manifester, l’entreprise concernée ne pourra jamais continuer son développement et sa croissance…
L’entreprise éveillée, qui cherche toujours les meilleures positions, est une entreprise qui donne beaucoup d’attention aux informations à caractère anticipatif où les dessous des événements peuvent être dévoilés par une analyse profonde de ces informations.
Cette manière de détection des futures menaces concurrentielles fait partie d’une approche stratégique gagnante. C’est la vraie création des connaissances tant nécessaires pour toute entreprise qui cherche un avenir meilleur et qui veut se protéger des menaces des concurrents.
L’entreprise, pour qu’elle soit plus active, doit nécessairement de créer les connaissances en continu, des connaissances sur tous les phénomènes économiques qui ont une certaine influence sur son développement.
Une approche stratégique n’est convaincante qu’en se référant à une analyse stratégique ; cette dernière impliquant la manipulation et l’utilisation d’une grande quantité de données et d’informations sur l’environnement intérieur et extérieur afin d’établir le tableau des opportunités et le plan commercial et industriel.
Une entreprise, pour que ses affaires marchent bien, doit déterminer les finalités et les objectifs en plusieurs termes et mettre les moyens et les ressources nécessaires. En d’autres termes, elle doit obligatoirement avoir une stratégie qui mette en avant ses atouts et proposer un scenario de création de valeurs.
Cette politique peut être renforcée et consolidée par une culture d’entreprise qui prend ses forces de l’entente qui règne dans l’entreprise et qui se renouvelle par le soutien et la solidarité générale de tous les intervenants dans la dite entreprise.
La réussite de cette stratégie est possible à condition qu’elle soit liée à la gestion de l’entreprise. Les deux font un élément unique tant appliqué par les entreprises performantes. Créer la croissance se réalise en premier lieu par la définition de ses critères et ses paramètres ainsi que par ses méthodes de gestion.
Il est absurde et impossible de chercher une performance hors norme ou autrement l’excellence. Mais quelle excellence ? Par rapport à qui ? A quel moment ? En réalité l’excellence est de transformer les points forts et les atouts de l’entreprise en phénomène de croissance, toute en rejetant définitivement les points faibles, car dans l’esprit des grandes entreprises, s’attaquer et se préoccuper de’ ces derniers est une perte de temps et un ralentissement de l’accélération de la mise en œuvre d’une stratégie innovante.
La situation actuelle de plusieurs entreprises oblige tous les responsables directs et indirects d’être conscients de la gravité de la situation. Il est urgent de trouver les solutions adéquates pour sauver la bonne partie des entreprises qui souffrent de la décroissance et de la dépression. Sans solutions radicales et ciblées la situation économique du pays est en danger. Le temps presse et la situation empire.
Accélérer la mise en œuvre de la croissance et attaquer le fond des choses sont deux conditions nécessaires qui engagent l’entreprise dans un combat de survie et de croissance… Les mauvais tours ou plus exactement les mauvaises situations économiques dans lesquelles des entreprises se sont trouvées sont le résultat d’un manque de politique de croissance durable qui va de pair avec la R&D et l’innovation. La situation a empiré par le coronavirus. Le choix du point du départ et de l’angle de vision est de grande importance quant à l’efficacité des méthodes à utiliser pour aller de l’avant.
La croissance n’est pas une fin en soi mais une phase du cycle de vie de l’entreprise, c’est une obligation qui doit être en consolidation continue et ce pour faire éviter à l’entreprise la phase du déclin. Chercher à trouver d’autres paramètres plus déterminants pour son efficacité est une action prévisionnelle si importante dans le temps pour la sauvegarde de toute branche d’activité de ladite entreprise, surtout pour les branches à faible valeur ajoutée comme le textile-habillement, les cosmétiques, les peintures-dérivés, les chaussures et autres.
Ce type d’industrie pourrait devenir dans l’avenir un fardeau industriel, si on ne le modernise pas comme il faut et si on n’augmente pas sa valeur ajoutée, surtout que les coûts de production sont nettement supérieurs à d’autres pays qui ont connu un fort positionnement. Quel que soient les appuis apportés à ces branches industrielles et quelle que soit la réussite de ses exportations, il serait plus efficace et plus rentable dans le temps de reconsidérer l’industrie de textile/habillement.
La Tunisie est en train de connaître une certaine crise, et par conséquence nous aurons la même situation que celle de certains pays de l’Est européen qui se sont lancés dans cette industrie à faible valeur. Nous sommes obligés de nous repositionner autrement et d’opter pour une nouvelle stratégie qui aura une orientation vers d’autres produits dont la concurrence n’est pas encore rude.
Par Nouredine Ben Mansour,
Dr.Ing.Gen. Ex. ministère de l’Industrie