Elyès Fakhfakh s’est adressé aux Tunisiens, le 20 mai 2020, notamment pour leur annoncer les grandes lignes du plan de relance économique que son équipe est en train de préparer dans le but d’aider l’économie nationale à surmonter le plus rapidement possible les impacts de la crise du coronavirus sur le plan économique et social.
Le chef du gouvernement a fixé sept objectifs à cette relance économique tant nécessaire et espérée :
– le renforcement de la souveraineté nationale et de la sécurité ;
– la préservation du tissu économique et les PME;
– la relance des secteurs les plus touchés par la pandémie ;
– réduire la bureaucratie et digitaliser l’administration ;
– préserver l’emploi et lutter contre l’emploi précaire ;
– solutionner les problèmes en suspens ayant empêché la réalisation de grands projets et activer la reprise du bassin minier et des champs pétroliers ;
– lutter contre la corruption et rompre avec l’impunité.
La plupart des Etats, gouvernements, organisations nationales, régionales et internationales, experts, entreprises, etc. s’accordent pour considérer que la crise du coronavirus va changer le monde totalement et irrémédiablement. Une conviction que traduit bien cette formule qu’on répète aux quatre coins de la planète : «Il y aura un avant et un après Covid-19».
Donc, logiquement un changement aussi radical que celui dont on parle et qu’on commence à percevoir implique une remise en question totale et profonde de la manière dont on analyse les principales problématiques de notre monde actuel et des méthodes et moyens avec lesquels on essaie de les résoudre.
Cette obligation s’impose en particulier aux gouvernements, ministères, et autres organismes d’Etat aux ressources naturelles et financières limitées, comme la Tunisie. Car ce déficit ne peut être comblé, du moins en partie, que par un surcroît d’imagination, de créativité, d’ambition et de détermination dans l’élaboration et la mise en œuvre des solutions aux problèmes les plus cruciaux.
Or, malheureusement, rien de tout cela dans l’ébauche du programme économique annoncé par le chef du gouvernement le 20 mai 2020. Qui semble sorti tout de droit de la Tunisie d’avant la Covid-19 mais de celle d’avant le 14 janvier 2011.
Parmi les sept points annoncés ce jour-là, il en est un qui retient l’attention et mérite plus que tous les autres qu’on s’y arrête parce qu’il semble dénoter de l’état d’esprit animant le gouvernement de M. Fakhfakh. Il s’agit du quatrième ayant trait à la réduction de la bureaucratie et la nécessité de digitaliser d’administration.
Face à l’accumulation des problèmes économiques, financiers, sociaux dont l’épidémie du coronavirus n’est pas le moindre, la Tunisie a besoin de libérer toutes les énergies et de lever toutes les entraves à leur plein déploiement. Or, tout le monde sait que la bureaucratie est la plus grande de ces entraves. Et en se fixant pour objectif de la réduire au lieu d’avoir pour ambition d’atteindre le «zéro bureaucratie», on réduit très fortement voir à néant les chances de voir la Tunisie réussir à sortir de l’ornière.
M.M