La crise du coronavirus n’est pas sans avantages pour la Tunisie. Elle constitue, à certains égards, une opportunité pour booster la transformation digitale, laquelle se trouve au cœur des stratégies de la majorité des institutions et des entreprises tunisiennes, mais aussi du secteur financier. Les propos sont ceux du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, qui intervenait à un webinaire organisé à l’occasion de l’édition spéciale du Forum international sur les instruments financiers numériques innovants.
Abassi a indiqué que plusieurs décisions ont été prises de manière très rapide et décentralisée, durant la gestion de cette crise de la Covid-19.
Pour étayer ses dires, il a cité, entre autres, la gestion des aides sociales qui a été assurée conjointement avec le secteur financier et le ministère des Technologies de la communication et de la Transition numérique et la collaboration entre les ministères et les institutions publiques et privées; une opération que le gouverneur de la BCT a qualifié de “véritable réussite pour cette transformation digitale”.
“Il est aujourd’hui grand temps, après l’épreuve du coronavirus, d’accélérer et de continuer ce processus de digitalisation et de l’étendre aux instruments financiers”, estime le patron de la BCT. Il fait remarquer, dans ce contexte, que les décisions politiques, le fonctionnement en équipe et la gouvernance basée sur les technologies sont les principaux facteurs permettant d’avancer sur cette voie.
D’après Abassi, le retard affiché en ce qui concerne la transition digitale en Tunisie est principalement d’ordre culturel et comportemental. “La crise de la Covid-19 a poussé vers un changement de comportement, et l’administration a pu ainsi passer à un rythme plus accéléré en profitant de l’existence d’un écosystème favorable à la digitalisation”, a-t-il dit.
Les start-up et les compétences tunisiennes à l’étranger sont prédisposées à transférer leur expertise en Tunisie et aller de l’avant dans ce domaine, a encore fait remarquer Abassi.
La maturité numérique, un pilier de la transition
C’est en effet la maturité numérique de chaque pays qui fait la différence. Pour le président du Club des dirigeants de banques et établissements de crédits d’Afrique, Sylvère Bankimbaga, qui intervenait également au webinaire, chaque pays a ses propres défis en ce qui concerne la transition digitale; ces défis dépendent de la maturité numérique de chaque pays.
“Les principaux défis auxquels les établissements financiers sont confrontés sont la gouvernance, la protection des données et la promotion de la diffusion de la culture des risques”, a-t-il expliqué.
Une étude sur le plan de continuité d’activité (PCA) des banques à l’épreuve de la Covid-19 sera prête à la fin de ce mois de juin 2020. Il s’agit d’une enquête réalisée auprès de 32 banques, membres du Club des dirigeants de banques club et exerçant dans 10 pays, dont la Tunisie.
Elle a permis, selon Jonas Siliadin, au sein du Club des dirigeants de banques et établissements de crédits d’Afrique, qui présentait ses premiers résultats, d’identifier les principaux chantiers pour les établissements bancaires post-Covid.
Parmi ces chantiers, il a cité la mise à jour des PCA des banques, l’engagement dans la transformation digitale et l’utilisation de la démarche Responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
“Le PCA a un coût direct et indirect et les banques sont appelées à intégrer ce coût dans leur business plan”, a-t-il recommandé, relevant que, selon l’étude précitée, le coût du PCA est estimé à 250 mille dollars et il pourrait être révisé à la hausse.