” Le confinement décidé pour limiter la propagation de la pandémie COVID-19 risque d’engendrer une augmentation du taux de chômage à 21,6% (contre 15% actuellement)”. C’est ce qu’indique une étude sur l’impact économique de la pandémie de la Covid-19 sur l’économie tunisienne pour l’année 2020 menée conjointement par le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Présentée par Asma Bouraoui Khouja, team leader du département croissance inclusive et développement humain au PNUD, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 17 juin 2020 à Tunis, cette étude montre que le nombre des chômeurs augmentera de 274 500 pour la seule année 2020. Par conséquent, le taux de pauvreté passerait à 19,2% contre 15,2% actuellement.
“Certes toutes les mesures étaient fondamentales pour protéger la population contre la pandémie de COVID-19, mais elles avaient un impact sur la situation économique, car c’est la crise la plus grande après la 2ème guerre mondiale. Avec un taux de pauvreté de 19% et qui peut s’aggraver davantage, la Tunisie revient 15 ans en arrière, soit 470 mille personnes de plus qui tombent sous le seuil de pauvreté monétaire (perte de revenu)”, a-t- elle expliqué.
Le nombre des personnes sous le seuil de pauvreté attendrait, de ce fait, les 2 millions contre 1,6 million actuellement.
Cette pauvreté monétaire concerne beaucoup plus les femmes qui ont été davantage exposées que les hommes aux risques d’appauvrissement, et en termes de violence domestique et économique, car elles étaient à la première ligne de licenciement.
La perte de revenu aura un impact aussi sur les conditions et le niveau de vie des ménages, en matière de dépenses d’alimentation, de santé et d’éducation. C’est ainsi que la pauvreté multidimensionnelle passerait de 13,2% actuellement à 15,6%.
Le choc du COVID-19 accentuerait la fragilité financière de certains secteurs d’activité
Les simulations réalisées montrent que le choc du Covid-19 accentuerait la fragilité financière de certains secteurs d’activité à savoir les industries non manufacturières (-29%), le tourisme (-23%), le transport (-19,6%) et le textile (-17,7%).
En outre, l’étude a souligné que les micros et très petites entreprises (MTPE) sont plus vulnérables avec de fortes disparités régionales et par secteur d’activité.
Ainsi, les MTPE opérant dans les secteurs du textile-habillement, cuir et chaussures localisées dans le Nord-Est sont les pus impactées ainsi que les MTPE actives dans le secteur d’hébergement et de restauration et situées dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.
Recommandations à court et à long termes
A court terme, cette étude préconise d’atténuer les impacts et soulager les populations et les entreprises par les transferts de revenu, tel qu’il a été réalisé par le gouvernement.
A long terme, le gouvernement doit réfléchir en termes de résilience c’est-à-dire, préparer l’économie pour mieux résister aux chocs, en renforçant les capacités de la population pour résister aux chocs, à travers l’intégration des aspects de l’économie sociale et solidaire, l’inclusion financière et la digitalisation.
Pour sa part, le représentant-résident du PNUD, Steve Utterwulghe, a indiqué que la Tunisie doit axer sur cinq priorités pour pouvoir faire face aux impacts de la Covid-19.
Pour lui, ces priorités devraient concerner le renforcement des systèmes des services de la santé, la garantie d’une protection sociale pour les plus vulnérables, l’appui et le renforcement des emplois et des PME, faire bénéficier des mesures macroéconomiques qui sont en train d’être prises par le gouvernement tous les acteurs, notamment les personnes les plus démunies.
Il s’agit également de consolider la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, outre le rétablissement de la confiance entre les citoyens et les autorités.