En Tunisie, la charge fiscale pèse proportionnellement davantage sur la classe moyenne et pauvre, c’est ce qui ressort d’un rapport intitulé ” La justice fiscale en Tunisie, un vaccin contre l’austérité “, qui vient d’être publié par OXFAM.
En effet, ” à l’instar de nombreux pays en développement, la fiscalité en Tunisie est aujourd’hui, fortement imprégnée de la vision néolibérale préconisée par les institutions financières internationales. A la suite du premier plan d’ajustement structurel (PAS) de la fin des années 80, l’impératif d’équité face à l’impôt, s’est peu à peu effacé pour laisser place à une logique de libéralisation économique qui a imprimé sa marque sur les politiques fiscales du pays ” explique le rapport.
Ainsi, “la prévalence des impôts indirects, et les réformes des taxes directes en vue d’alléger le coût sur le capital, restent l’expression la plus claire et explicite d’un système fiscal au service des plus riches et des plus privilégiés “.
” La préférence marquée envers les taxes indirectes montre que l’augmentation de la dette publique de 72,2% du PIB en 2019, à 84,7% du PIB en 2020, sera à la charge des ménages. Cela en dépit de la déclaration du Chef du gouvernement à la nation, le 20 Mai 2020, qui indique également, la volonté d’assurer un renforcement de la souveraineté nationale et de ne pas recourir à l’endettement qui a atteint un pic “, notent les auteurs du rapport.
Cela présage, selon eux, que les mesures se poursuivront selon un scénario pessimiste au dépend des ménages, comme ce fut le cas lors de la dernière décennie d’austérité. En effet, les contributions des sociétés dans les recettes fiscales ont chuté de 37% entre 2010 et 2018 alors que celle des ménages a augmenté de 10% pour la même période, ce qui montre quelle partie supporte le prix de l’austérité.
Et même ” le projet de réforme fiscale initié en 2013, qui prévoyait pourtant la refonte totale du système, n’a pas permis à ce jour d’inverser la tendance et s’inscrit plutôt dans une continuité avec la politique qui prévalait avant la révolution “.