La Tunisie est-elle bien préparée à l’ouverture des frontières ? D’après les témoignages de nombre d’acteurs dans le secteur de la santé, ce n’est pas le cas. Et Abdellatif Mekki, soucieux plus de sa campagne pour la présidence du parti Ennahdha et les prochaines échéances électorales, devrait s’occuper de plus urgent : comment tout mettre en œuvre pour que les sacrifices du peuple tunisien et les pertes encourues par l’économie nationale à cause de la pandémie soient payantes.
C’est un médecin tunisien, qui était en pleine tempête à l’avènement de la pandémie depuis janvier dernier, qui témoigne de la gravité de la situation actuelle et des dangers que nous encourons à cause des décisions non étudiées et sans mettre en place les conditions nécessaires pour protéger notre pays d’une nouvelle vague Covid-19.
Dans quelques jours, explique ce médecin, nous pourrions avoir des malades qui se présenteront à leurs médecins avec tous les symptômes du coronavirus ; les cliniques privées fermeront, à leur habitude, leurs portes et les personnes atteintes se rendront dans les hôpitaux publics.
Aujourd’hui, la Tunisie est menacée, parce qu’il y a eu une recrudescence des formes importées de la Covid-19 des pays du Golfe et des pays africains, et on retrouve tous les symptômes de la maladie dont les difficultés respiratoires chez les personnes qui consultent. Ces malades qui se rendent dans les hôpitaux de référence comme celui d’Abderrahmen Mami qui souffre, lui-même, d’un grand déficit de personnel soignant et particulièrement en réanimation, pourraient contaminer d’autres et le cycle tragique de la pandémie pourrait reprendre.
Ceci dans un climat de relâchement survenu dès le retour à la vie normale et l’épuisement des moyens de l’Etat pour la prévention et la lutte contre la pandémie et surtout la déception du corps médical à cause du manque de reconnaissance des efforts fournis qu’il a fournis par le ministère de la Santé et l’Etat. Une déception qui ne promet pas un engouement et un engagement pareils si deuxième vague a lieu.
Couper dans les salaires des personnels de la santé ? Il fallait le faire !
«Nous risquons gros parce que nous ne pouvons pas accorder une confiance aveugle à des personnes qui assurent qu’ils vont faire le confinement chez eux et que nous n’avons pas les moyens de contrôler. Si au mois de mars, nous étions mieux outillés, nous avions plus de moyens pour faire face à l’épidémie, nous étions confinés et il n’y avait pas de mobilité entre les villes, aujourd’hui ce n’est plus le cas, et si l’épidémie Covid-19 revient, notre système de santé non préparé ne pourra pas l’affronter».
Le pire des scénarios est que les hôpitaux publics envoient ces malades à l’hôpital Abderrahmen Mami, qui a repris ses activités normales, où le service réa manque de personnel et qui ne dispose plus d’une zone tampon.
Que feront les autorités de la santé publique dans ce cas ? Elles pourront de nouveau prendre la décision de fermer l’hôpital et le consacrer aux malades de la Covid-19, mais cela se fera aux dépens de ses propres malades qui n’ont pas été pris en charge comme il se doit par les autres hôpitaux tout au long des mois Covid-19.
La salle du centre sportif El Menzah pourrait-elle au cas où la deuxième vague revient en force être une solution de rechange et remédier à la surcharge des hôpitaux ? Ce n’est pas évident car elle est équipée de manière approximative et on ne sait pas comment ce centre médical improvisé sera géré.
Pour résumer, la décision d’ouvrir les frontières, si elle n’est pas suivie de près, pourrait déboucher sur une catastrophe sanitaire ainsi que par la mise à mort de l’économie nationale. Et c’est le pire des scénarios.
A.B.A