L’événement : un projet de construction d’un train à grande vitesse (TGV) devant relier le nord et le sud de Tunisie a été évoqué par le président de la République, Kaïs Saïed, avec son homologue français, Emmanuel Macron, lors la visite officielle que vient d’effectuer, les 22 et 23 juin 2020, le chef de l’Etat tunisien en France.
Abou SARRA
C’est un mégaprojet hautement stratégique qui, s’il est réalisé, va permettre à la Tunisie d’être le 2ème pays d’Afrique après la Maroc à intégrer le club fermé de la grande vitesse ferroviaire. Il s’agit d’une avancée majeure pour les chemins de fer tunisiens qui comptent, à ce jour, 2 165 kilomètres de rails dont 471 kilomètres à voie normale et 1 694 kilomètres à voie métrique. Mais seuls 65 kilomètres sont électrifiés.
Des avantages multiformes
La mise en œuvre d’une liaison ferroviaire électrifiée rapide sur plus de 700 km est à même d’améliorer la qualité du transport ferroviaire dans le pays. Avec à la clé plusieurs avantages.
Au niveau intérieur, un projet d’une telle ampleur va favoriser une liaison terrestre entre les différentes régions du pays. La qualité de transport du TGV et la sécurité qu’il offre vont encourager les Tunisiens à voyager plus à l’intérieur du pays, soit pour des motifs de travail, d’études, ou touristiques.
Un futur TGV devrait permettre aux Tunisiens, partout où ils se trouvent à l’intérieur du pays de mieux se connaître et d’atténuer les malentendus et grincements qui surviennent, de temps en temps, à cause des séquelles de tribalisme, de clanisme et de régionalisme.
Il est nécessaire de rappeler à ce sujet l’attitude qu’ont eu certains politiques incompétents à exploiter la précarité de la vie au sud du pays pour demander sa séparation du nord et à demander des comptes aux gouvernements quant à la mauvaise gestion de ressources naturelles localisées au du pays (pétrole, gaz, sel…).
Au niveau économique, la mobilité que favorisera le futur TGV entre le nord et le sud va inciter les commerçants, les hommes d’affaires du pays et autres prospecteurs d’opportunités à se déplacer dans les deux sens en vue de conclure de contrats à des fins commerciales ou d’investissement.
Au plan écologique, le mode de transport ferroviaire électrifié, réputé pour être un mode de transport propre, est le plus recommandé pour les prochaines décennies. Il a pour mérite de participer à la lutte contre la pollution, particulièrement à la réduction des émissions de gaz à effets de serre. En émettant moins de CO2, la Tunisie peut en tirer des gains significatifs en vendant, sur le marché international, à des entreprises polluantes ses économies de carbone, voire « son droit à polluer » non exploité.
S’inspirer du TGV marocain pour le financement
Quant au financement de ce mégaprojet, la Tunisie peut s’inspirer de l’exemple du TGV marocain qui a mis 11 ans pour voir le jour. Ce train rapide qui relie, depuis novembre 2018, Tanger à Kenitra, a été lancé en 2007, en partenariat avec la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). La France a fortement soutenu le projet, qu’elle a financé à plus de 50%. La Tunisie pourrait faire autant en sens qu’il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant. Car en contrepartie de l’engagement financier français, l’industrie ferroviaire tricolore trouve dans ce type de projet un débouché à l’export pour ses entreprises et l’occasion de démontrer son savoir-faire en la matière.
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Moralité de l’histoire, une ligne de grande vitesse (LGV) en Tunisie pourrait être le fruit d’un partenariat stratégique tuniso-français, notamment en matière de transfert technologique. Car au cas où Tunis et Paris se mettent d’accord pour lancer ce projet, la SNCF va apporter son expertise de la grande vitesse concernant la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien de la LGV. Le tout, avec l’objectif d’un transfert du savoir-faire français (2 600 kilomètres de voies construites, trente-cinq ans d’exploitation) au profit des cheminots tunisiens.
Dans le sillage de ce partenariat, d’autres entreprises industrielles françaises vont également en profiter et venir booster l’investissement direct étranger dans le pays, et son corollaire l’emploi qualifié. Parmi ces entreprises figurent en bonne place Alstom qui fabrique les rames, et d’autres comme Systra, Colas Rail, Thales, Engie Ineo.
En somme, un futur TGV en Tunisie est plus qu’une bonne idée, un bon projet à défendre.