Le Conseil d’administration du Fonds africain de développement vient d’approuver, à Abidjan, l’octroi d’une subvention de 165,08 millions de dollars à l’Éthiopie pour appuyer les mesures d’intervention déployées face aux conséquences sanitaires et économiques de la pandémie de Covid-19.
La subvention du guichet de prêt à taux concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement, issue des ressources du FAD-15, vise à aider l’Éthiopie à renforcer son Plan national d’intervention d’urgence (NERP) contre le coronavirus. Le NERP, soutenu également par plusieurs institutions de développement comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque coréenne d’import-export, définit une approche multisectorielle fiable pour lutter contre la pandémie. Il a pour objectif d’étendre la protection sociale aux plus vulnérables, de renforcer la capacité à contenir l’épidémie, de corriger les déséquilibres macro-budgétaires et d’atténuer l’impact de la crise sur le secteur privé.
« Cette subvention de la Banque aidera en particulier les entreprises locales et les ménages vulnérables des zones urbaines », a déclaré Abdul Kamara, directeur du Bureau-pays de la Banque pour l’Éthiopie.
L’aide permettra d’augmenter le nombre de laboratoires de tests de dépistage du Covid-19, de former 45 000 agents sanitaires aux opérations d’intervention contre le Covid-19 et de contribuer à la mise en œuvre d’une stratégie de communication. Elle aidera à augmenter la participation des communautés pour sensibiliser la population aux risques de transmission et aux moyens de prévention.
Le système de santé éthiopien reste fragile, avec seulement trois lits d’hôpital disponibles pour 10 000 habitants. Cette subvention permettra de rénover 300 centres d’isolement, de mettre en place 34 centres de traitement et 100 centres de quarantaine.
Elle aidera également le gouvernement à compenser les dépenses imprévues destinées à stabiliser l’économie. La subvention permettra d’atténuer les pressions budgétaires pesant sur l’économie, et des fonds seront alloués à la protection des petites entreprises afin de sauver environ 26 000 emplois.
L’Éthiopie, comme le reste de l’Afrique, subit les effets de la pandémie de Covid-19, qui met en danger les acquis économiques récents. Outre les problèmes de sécurité alimentaire déjà existants et aggravés par le Covid-19, le secteur agricole est confronté à des chocs complexes et divers, notamment l’invasion de criquets pèlerins et les risques dus au changement climatique, qui menacent la productivité des exploitants agricoles.
Le 8 avril dernier, le Parlement éthiopien a déclaré l’état d’urgence dans le pays, et les élections nationales prévues le 29 août ont été reportées.
La croissance économique de l’Éthiopie, qui s’élève à environ 10 % par an en moyenne depuis 2004-2005, devrait chuter cette année en raison de la pandémie de Covid-19. La prévision de croissance du PIB en 2020 a été revue à la baisse, passant de 7,2 % à une fourchette comprise entre 2,6 % et 3,1 %.
La pandémie aura certainement des retombées négatives sur le secteur privé, en particulier dans la construction, les exportations, le tourisme et les voyages. Le secteur du tourisme représente, à lui seul, 9,4 % du PIB et emploie quelque 2,2 millions de personnes. La pandémie devrait encore réduire les flux à l’entrée du territoire, ce qui limitera les importations de matières premières.
Cette opération est en phase avec la Stratégie décennale du Groupe de la Banque africaine de développement (2013-2022). Elle est alignée sur les cinq priorités de la Banque, « High 5 », en particulier celle visant à « améliorer la qualité de vie des populations en Afrique ». Elle cadre avec le Document de stratégie-pays de l’Éthiopie pour la période 2016-2020.
Au 1er juillet 2020, l’Éthiopie avait enregistré près de 6 000 cas de contamination confirmés au Covid-19, pour 2 430 personnes guéries et 103 décès.