La croissance du PIB devrait ralentir de 5,5 à 6,1 points de pourcentage en 2020, par rapport aux prévisions antérieures à la crise du COVID-19, ce qui entraînerait l’économie tunisienne dans une profonde récession, avec une contraction du PIB prévue entre 3,4% (scénario de base) et 4,0% (scénario pessimiste), révèle le supplément ” Perspectives économiques en Afrique 2020 ” rendu public, mardi, par la Banque Africaine de Développement (BAD).
Le scénario de base suppose que la pandémie ralentit en juillet, alors que le scénario pessimiste postule la poursuite de cette crise jusqu’en décembre.
Selon la BAD, cette perte de croissance contribuerait à une augmentation du déficit budgétaire d’au moins 2 points de pourcentage, par rapport aux projections initiales, sous l’effet attendu d’une perte de recettes fiscales liée à la contraction de l’activité économique.
Dans le même temps, le besoin de financement estimé à 11,4 milliards de dinars (environ 4 milliards d’USD), dans le projet de loi de finances 2020, pourrait augmenter de 30 à 50%.
Malgré la baisse attendue de la facture pétrolière due à la chute des prix du pétrole, souligne encore le document de la BAD, le déficit du compte courant devrait augmenter de 2,1 à 2,3 points de pourcentage, par rapport aux prévisions sans COVID-19, et ce, en raison du ralentissement attendu du secteur du tourisme et de la diminution des transferts de fonds des migrants et des exportations.
S’agissant de l’inflation qui avait baissé légèrement en 2019, elle devrait s’accroître en 2020 et 2021, tout en restant contenue. L’amélioration relative de la situation macroéconomique attendue en 2021, dépendra des conditions économiques en Europe et dans le monde, estime la Banque africaine.
Dans son rapport publié le 30 janvier 2020, sur ” Les perspectives économiques en Afrique 2020 “, la BAD avait prévu que la croissance du PIB de la Tunisie devrait reprendre avec des taux de 2,1 % en 2020 et 2,5 % en 2021, alimentée du côté de l’offre par l’agriculture, le phosphate et le tourisme.
Le PIB devrait se contracter de 3,4% en Afrique, selon un scénario pessimiste
En Afrique, le PIB devrait se contracter de 1,7 % en 2020, d’après le scénario de base de la BAD, qui suppose un impact considérable du virus, mais sur une courte durée.
Selon le scénario pessimiste, qui envisage un impact violent du virus sur une plus longue période, le PIB diminuerait de 3,4%. Une reprise partielle d’environ 3% est prévue pour 2021. Mais ce redressement ne compenserait pas une perte cumulée pour le PIB de l’Afrique estimée entre 173,1 et 236,7 milliards de dollars pour 2020 et 2021, en raison de la pandémie.
D’après la BAD, les impacts économiques du COVID-19 vont être différents selon les pays africains, en fonction de leur structure sectorielle et de leurs conditions initiales.
Ainsi, les économies dépendantes du tourisme, exportatrices de pétrole et riches en ressources naturelles devraient être les plus durement touchées, en raison des restrictions sur les voyages imposées dans le monde entier et de l’effondrement de la demande et des prix des produits de base, notamment du pétrole.
Pour les pays de ces groupes, l’économie devrait reculer en 2020 de plus de 4 points de pourcentage en moyenne. Par contre, les économies moins dépendantes des ressources naturelles, dont les structures économiques sont plus diversifiées, seront probablement plus résistantes au choc, estime la Banque.
Face à cette pandémie, l’institution financière africaine a exhorté les gouvernements et les partenaires au développement à réagir de manière coordonnée, ciblée et rapide en faisant appel à tous les leviers politiques disponibles.
Dans un premier temps, les entreprises considérées comme présentant des risques de contagion faibles ou moyens, comme l’industrie manufacturière, la construction et certains services de détail, pourront reprendre leurs activités.
Ensuite, les gouvernements doivent observer s’il y a un rebond des cas d’infection avant de procéder à la réouverture d’activités économiques considérées comme présentant des risques de transmission élevés, tels que les hôtels, les écoles, les restaurants et les lieux consacrés au sport et au divertissement.