Trois personnes interrogées sur dix se disent ne pas se sentir en sécurité chez elles; les hommes seraient plus susceptibles que les femmes de se sentir menacés dans leur foyer (32% contre 26%), souligne Ahlem Bousserwel, coordinatrice de programme ONU/Femmes.
Présentant, jeudi 9 juillet 2020, les résultats de l’enquête en ligne réalisée par le bureau régional d’ONU Femmes pour les Etats arabes sur l’impact de la Covid-19 sur les attitudes et les pratiques des hommes et des femmes en matière d’égalité des sexes et de violence à l’égard des femmes, l’intervenante a signalé que 35% des personnes interrogées qui vivent dans de petites villes et 32% de celles qui vivent dans des zones rurales déclarent ne pas se sentir en sécurité chez elles contre 21% dans les grandes villes.
Parmi les répondants qui ont déclaré ne pas se sentir en sécurité, les hommes et les femmes souligné qu’ils se sentent surtout en danger par peur d’être attaqués par des inconnus (39% et 48% respectivement).
La deuxième raison la plus fréquemment citée est la crainte d’une intensification des conflits armés et des troubles civils (25%), suivie par la crainte d’être exposé à la violence d’un membre de la famille (17%).
Bousserwel a précisé que l’enquête a été réalisée aux mois d’avril et mai et a été lancée dans 9 pays du Moyen-Orient en ciblant un minimum de 1 000 participants dans chaque pays (500 hommes et 500 femmes).
En Tunisie, quelque 1 058 personnes ont répondu à l’enquête en ligne, dont 502 femmes.
L’intervenante a signalé que lors de l’analyse, des pondérations ont été appliquées en tenant compte du sexe, de l’âge et des niveaux de scolarisation.
Dans l’ensemble, 51% des répondants sont préoccupés au moment de l’enquête par les questions liées au confinement en raison de la Covid-19, ajoute la même source.
Elle a, en outre, indiqué qu’en raison du confinement, les répondants se soucient le plus souvent de la restriction de leurs déplacements (19%). 16% ont déclaré craindre de perdre leurs emplois ou de voir leurs revenus diminuer et 11% s’inquiètent de manquer de nourriture ou d’autres nécessités.
D’après l’enquête, à la suite de la pandémie de la Covid-19, 11% des Tunisiens interrogés ont perdu leur emploi et 9% ont dû prendre un congé sans solde tandis que 15% travaillent toujours sur leur lieu de travail.
Par ailleurs, 9% travaillent à domicile et 13% sont en congé payé.
Le pourcentage des répondants qui ont perdu leur emploi ou qui ont été contraints de prendre un congé sans solde étant le plus élevé dans la tranche d’âge des 25-34 ans (26%).
Les résultats de l’enquête en ligne ont indiqué que 29% des personnes interrogées ont vu leurs revenus diminuer et un autre cinquième a indiqué une perte totale de revenus.
54% ont déclaré que les autres membres de leur ménage subissent une baisse ou une perte totale de leurs revenus (respectivement 38% et 15%).
L’enquête a aussi montré que les femmes assument une plus grande part des soins aux enfants et des tâches ménagères, tandis que les hommes s’occupent plus souvent des personnes âgées et aident les enfants dans leurs études.
Un peu plus de la moitié des femmes interrogées ont déclaré avoir augmenté le temps consacré aux tâches ménagères, contre 31% des hommes.
Les résultats montrent que les maris des grandes villes (80%) sont plus coopératifs pendant cette période que ceux des petites villes et des zones rurales (56% et 74%, respectivement).
Pour ce qui est de la violence en période de confinement, 52% des personnes interrogées ont déclaré avoir été témoins de violences ou connaître une femme ayant subi un certain type de violence depuis la propagation de Covid-19, avec de légères variations selon le sexe.
Plus de la moitié des répondants s’accordent à dire que les femmes sont actuellement confrontées à un risque accru de violence de la part de leur mari, avec de légères variations selon le genre.
Les répondants ayant au moins une licence, ceux de la tranche d’âge 45-54 ans et ceux ayant déjà été mariés sont les plus enclins à convenir que les femmes sont actuellement exposées à un risque accru de violence, environ 6 répondants sur 10 parmi ces deux groupes étant d’accord avec cette affirmation.
En général, les répondants sont plus nombreux à être en désaccord (69%) qu’en accord (31%) avec l’énoncé “Une femme devrait tolérer la violence domestique pour maintenir sa famille unie, surtout en ces temps difficiles”, le degré d’accord variant selon le genre.
Près de deux cinquièmes des répondants masculins sont d’accord avec l’affirmation, contre 24% chez les femmes. Des variations ont également été observées en fonction de l’éducation, où l’accord des répondants qui n’ont pas fréquenté l’école (42%) est presque deux fois plus élevé que celui des répondants titulaires d’une licence ou d’une maîtrise.