En attendant l’élaboration d’une nouvelle stratégie touristique favorisant d’autres formes d’activité, qu’il promet pour la fin de cette année, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat a décidé d’arrêter la machine à produire des projets onéreux et peu rentables.
Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, Mohamed Ali Toumi n’avait pas besoin des quatre mois déjà passés à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat pour bien connaître les -nombreux- problèmes du secteur dont il a aujourd’hui la charge. Tout simplement parce qu’il en était l’un des acteurs en tant voyagiste, métier qu’il a exercé pendant quinze ans et qui constituait un excellent poste d’observation.
Aussi, n’est-ce guère étonnant qu’il ait déjà en tête, au bout de seulement quatre mois, les grandes lignes d’une nouvelle stratégie par laquelle il entend révolutionner l’industrie touristique tunisienne.
Jeudi 9 juillet 2020 devant la Commission de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du commerce et des services de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui l’auditionnait ce jour-là à propos de «la situation du secteur touristique à l’ombre de la pandémie du coronavirus», le ministre a expliqué vouloir tracer les contours du nouveau tourisme tunisien à l’horizon 2035. Car, note-t-il, «les pays qui se respectent élaborent un plan pour au moins quinze ans.
Alors qu’il a promis de présenter la nouvelle stratégie touristique vers la fin de l’année, Toumi a déjà identifié trois idées-forces autour desquelles celle-ci va s’articuler.
La première de ces idées est de créer «une grande cité sportive à Zaghouan, à l’instar de Clairefontaine (France) ou Aspire (Qatar). Pourquoi Zaghouan ? En raison de son climat», indique le ministre.
Mais ce sera «une cité sportive sans hébergement pour faire travailler les hôtels des zones touristiques proches de Zaghouan, comme Sousse et Monastir», ajoute-t-il.
Grâce à la “cité sportive“, l’activité de ces hôtels s’étendra tout au long de l’année et ne se limitera plus à la saison estivale, plaide Mohamed Ali Toumi. «De cette façon, la main-d’œuvre pourra être stabilisée et sa formation améliorée. Car pour l’instant, les propriétaires des hôtels n’exigent pas des employés saisonniers qu’ils aient le niveau».
La deuxième idée consiste à créer un port de croisière à Mahdia dont pourront profiter les zones environnantes comme El Jem, Kairouan, etc.
La troisième idée est la plus ambitieuse : à défaut de cloner les parcs d’attraction Walt Disney ou Euro Disney, doter l’Afrique, «qui n’en a pas», constate le ministre du Tourisme, d’un Africa Disney en Tunisie où les touristes africains pourront se rendre plus facilement qu’en Europe pour des vacances.
La quatrième et dernière idée est une sorte de niche : développer un port de plaisance haut de gamme dans l’une des îles désertes de la Tunisie, comme La Galite.
En guise de prélude au lancement de ce tourisme alternatif, Mohamed Ali Toumi a, dès sa prise de fonction, souligne-t-il, pris la décision d’arrêter la machine à produire des projets touristiques onéreux et peu rentables. «Dès mon arrivée, j’ai dit à l’Agence foncière touristique (AFT) d’arrêter le lancement de projets selon le même modèle : des hôtels qui coûtent 100 millions de dinars et vendent à 40 dinars. Il nous faut d’autres types de projets et cela nécessite de réviser les textes de lois qui ne permettent pas de faire beaucoup de choses».
Moncef Mahroug