Après l’annonce d’Ennahdha d’entamer des consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement et la réponse vigoureuse du président de la République, Kaïs Saïed, affirmant qu’il “n’y aura aucune consultations avec quiconque” en dehors de ce qui est prévu par la Constitution, le chef du gouvernement n’a pas tardé à réagir à son tour.
Tard ce lundi 13 juillet 2020, Elyès Fakhfakh publie un communiqué, informant de sa décision d’opérer un remaniement qui tient compte de l’intérêt supérieur de la patrie et sera annoncé dans les prochains jours (on s’attend à ce que certains ministres d’Ennahdha en fassent les frais).
Une décision qui intervient en réaction à la conférence de presse organisée plus tôt dans la journée par le mouvement Ennahdha et de la déclaration qui s’en est suivie et dans laquelle le parti invite au “lancement des concertations pour un nouveau gouvernement”.
Fakhfakh tient à préciser qu’au cours des dernières semaines, il n’a cessé de déployer des efforts intenses pour conforter la coalition au pouvoir. Ces efforts, a-t-il relevé, se sont heurtés à des tentatives menées parallèlement par le mouvement Ennahdha à dessein afin d’introduire des changements significatifs aussi bien sur la forme que sur le fond de l’action gouvernementale, ce qui a déstabilisé son action et entravé sa stabilité.
Fakhfakh rappelle qu’Ennahdha avait pourtant signé le “document gouvernemental” et que son appel à la formation d’une nouvelle équipe constitue une violation criante du pacte politique qui l’engage aux côtés des autres composantes de la coalition et du chef du gouvernement.
Il regrette, dans ce sens, le peu d’intérêt accordé par Ennahdha à la stabilité des institutions de l’Etat et de l’économie nationale, déjà affaiblie par les répercussions de la Covid-19 et par les crises structurelles à répétition.
“Ces appels au changement témoignent d’un manque de responsabilité en cette phase délicate qui requiert davantage de solidarité entre les membres de la coalition et de placer l’intérêt de la patrie au-dessus de toute considération”.
Fakhfakh dénonce l’instrumentalisation politique de l’affaire présumée de “conflit d’intérêt” par Ennahdha, laquelle a pris des proportions démesurées auprès de l’opinion publique.
Alors que l’affaire est entre les mains de la justice, a-t-il ajouté, des partis, dont Ennahdha, partenaire de la coalition au pouvoir, ont poursuivi leurs manœuvres visant à aggraver cette crise.
Elyès Fakhfakh rappelle s’être, à maintes reprises, expliqué sur ce dossier, qui a été utilisé pour discréditer le gouvernement et le détourner de son engagement sur la voie de la réforme et du changement. Un engagement qui, estime-t-il, n’a pas été du goût de certaines parties.
Ces appels, contraires au principe de la solidarité gouvernementale, ne font aucun doute sur le désengagement d’Ennahdha envers ses partenaires de la coalition.