Les responsables politiques vont devoir soutenir sans faiblir la croissance de la productivité -un levier qui a permis d’extraire des millions de personnes de la pauvreté dans les pays en développement- pour faire face aux graves difficultés découlant du choc économique de la pandémie de coronavirus (COVID-19).
C’est ce qui ressort du rapport de la Banque mondiale “Global Productivity: Trends, Drivers, and Policies”, qui prévoit que “sans des mesures urgentes, la pandémie pourrait faire chuter encore davantage la productivité du travail pendant de nombreuses années”.
“Les niveaux de productivité des économies émergentes et en développement se situent encore à moins de 20 % en moyenne de ceux observés dans les pays avancés, voire à seulement 2% en ce qui concerne les pays à faible revenu”, a souligné Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale chargée de la croissance équitable, de la finance et des institutions.
“Les changements de comportement induits par la pandémie pourraient cependant accélérer l’adoption des nouvelles technologies, améliorer l’efficacité des entreprises et accroître le rythme des innovations scientifiques. Mais il faut absolument veiller à ce que ces progrès soient équitablement répartis et que les perturbations du marché du travail découlant de l’introduction des technologies soient parfaitement maîtrisées”, a encore noté le responsable.
Le rapport a souligné aussi que la chute du commerce mondial et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement internationales imputables à la pandémie risquent, s’ils se prolongent, auront des effets particulièrement délétères sur les perspectives de croissance de la productivité dans les pays émergents et en développement.
Selon Ayhan Kose, directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement à la Banque mondiale, la croissance de la productivité avait subi un ralentissement généralisé, avant même la pandémie.
Cela signifie, a-t-il noté, “que tout programme de relance de la productivité doit également être global. Il s’agit de relancer les investissements dans le capital humain et physique, de favoriser la redistribution des ressources en faveur des secteurs plus productifs, de susciter l’adoption des technologies et les innovations et de promouvoir un environnement institutionnel et macroéconomique solide”.
Il convient de noter que cette étude s’appuie sur une base de données exhaustive couvrant 35 économies avancées et 129 économies de marché émergentes et en développement.
Elle montre comment les différents facteurs ayant contribué à la croissance de la productivité, comme l’augmentation de la population d’âge actif, le niveau d’instruction et les chaînes de valeur mondiales, se sont essoufflés ou inversés depuis la crise financière mondiale de 2007-2009.