“On dirait un chat” est une exposition inédite du plasticien Amin Chaouali dans laquelle il revisite l’univers plastique du chat. Une sorte de sanctuaire artistique où logent ces belles créatures sous différentes formes pour exprimer ce lien avec nos amis félins que cet autodidacte assimile à de “l’amour réciproque “.
Dans une interview avec l’agence TAP, l’artiste dévoile son monde souvent influencé par la belle irruption quotidienne de ses amis mystérieux qui réinventent son univers plastique. “Les chats viennent me chercher et mes chats sont bien réels, dit-il, en parlant de cette dernière exposition composée de 40 oeuvres dont 34 représentent des chats”.
Spontané et généreux, l’artiste nous fait découvrir sa démarche artistique et l’essence d’un long parcours de près de trente ans traduit dans cette exposition qu’on a eu le plaisir de visiter virtuellement. “On dirait un chat” est aussi visible à la galerie Saladin à Sidi Bou Saïd depuis le samedi 4 juillet, et qui prendra fin ce dimanche, 19 juillet.
Le monde féerique et mystérieux du chat est reproduit dans l’oeuvre des plus grands peintres occidentaux, de la renaissance à l’époque moderne, de Léonard Di Vinci, jusqu’aux artistes comme Henri Matisse, Picasso ou Paul Klee.
Ce thème était assez présent dans la vie et l’oeuvre d’artistes comme Paul Klee. Avant de découvrir les lumières de Tunisie, Klee reproduisait ses amis félins dans ses peintures, sa poésie, ses photographies et ses dessins, une passion qu’il va garder jusqu’à sa mort. Parmi ses toiles “Idole pour les chats de la maison” et une oeuvre inachevée “la montagne du chat sacré”.
Amin Chaouali perpétue cette complémentarité entre artistes et chats qui traduit une créativité assez profonde marquée par la beauté, les mouvements et la finesse du chat. Depuis son atelier à Sidi Daoud, il fuit le monde extérieur pour réaliser ses toiles sur des périodes assez longues comme pour cette exposition nourrie de passion et d’imagination qui lui a pris plus de deux ans.
Outre ses expositions en Tunisie, cet habitué de la Galerie Saladin avait auparavant exposé en Europe dans des galeries et des centres culturels de pays comme la France et l’Espagne.
Il est également l’auteur d’un livre d’art intitulé “Amin Chaouali, Couleurs et Lumières de Tunisie ” édité chez simpact, en 2009. Il retrace le périple de cet artiste qui avait exposé une centaine de fois dans des expositions personnelles et autres collectives.
Amin Chaouali est un natif du Kram dans la banlieue de Tunis. Sa proximité géographique avec le milieu artistique dans la zone qui abrite les galeries et les résidences des plus grands plasticiens, avait aidé le jeune Chaouali à se forger une carrière assez unique.
“Une chance” pour cet autodidacte et pour sa créativité faite de toiles multicolores qui offrent une évasion dans l’univers d’un artiste qui ne se plie pas aux codes. Il se dit spécialement “influencé par l’oeuvre de grands artistes comme Claude Monet et aussi Robert Combas.”
Son atelier est un véritable trésor artistique où il essaye d’adapter ses thèmes à tous les supports, allant de la céramique d’art à la peinture et même la verrerie un domaine dans lequel il est Maître. L’Artisanat est également une option pour cet artiste même si la fréquence de ses productions artisanales est assez limitée.
Pour Chaouali, les débuts étaient avec de la peinture en plein air, “à l’image des artistes impressionnistes et expressionnistes tout en ayant ce côté très orientaliste dans mes toiles”. De ses anciens thèmes comme les jardins, les fleurs et les femmes, il demeure ce style assez coloré, même dans les dessins, avec peu du noir et blanc.
Dans ses toiles actuelles existe un certain dialogue entre les contenus des divers supports en lien avec le thème de l’exposition: “On dirait un chat”, créant une belle harmonie entre les 40 œuvres. Sur le plan artistique, il est en une phase où la céramique accapare les ¾ de son exposition ce qui constitue, à son avis, une avancée considérable dans sa carrière de plasticien.
L’artiste est toujours marqué par sa première exposition au musée municipal de Sidi Bou Saïd et l’encouragement qu’il avait trouvé alors qu’il n’avait que 16 ans. De vos jours, il regrette surtout “le manque de conscience par rapport à l’art plastique”.
C’est aussi sa vision sur les nouvelles pratiques plastiques, notamment l’art contemporain qu’il estime en perte d’identité artistique. Un refus de ce style d’art qu’il exprime clairement dans l’une de ses expositions précédentes intitulée ” Métamorphose”.
Chaouali estime avoir vaincu ses craintes d’exposer en une période de crise sanitaire ou l’activité artistique n’est pas à ses plus beaux jours. Malgré la reprise, la peur chez les gens et les restrictions sanitaires en vigueur ne semblent pas en faveur d’un secteur en berne depuis près de quatre mois.
L’artiste s’est aventuré à exposer dans l’espoir d’attirer plus visiteurs aussi bien que les collectionneurs d’oeuvres d’art.