A l’issue de sa thèse de doctorat, soutenue avec brio en 2015 à l’Université de Lausanne en Suisse, notre compatriote, Dr Cyrine Belkhodja, s’était lancée dans la recherche scientifique dans son pays d’adoption.
Son travail au sein du groupe dirigé par le Pr Michel Gilliet, chef du département de dermatologie du Centre hospitalo-universitaire Vaudois (CHUV) à Lausanne, s’était intéressé à un domaine particulièrement pointu de l’immuno-dermatologie, en particulier les mécanismes impliqués dans le phénomène de cicatrisation tissulaire.
Cet axe de recherche, qui avait déjà fait l’objet de son travail de thèse pendant près de 4 ans, avait été, depuis, poursuivi par l’équipe du Prof. Gilliet pour aboutir aujourd’hui à l’élucidation d’un rôle majeur du microbiote cutané dans le processus de cicatrisation.
Le microbiote humain se définit comme un groupe de micro-organismes vivant en symbiose avec leur hôte humain et qui se compose de bactéries, de champignons et de virus.
Il importe de savoir qu’il est présent dans les différentes parties du corps dans lesquelles un épithélium est en contact avec le monde extérieur : le tractus digestif (estomac et intestins), la peau, les voies respiratoires (bouche, pharynx et poumons) et l’appareil urogénital.
Le microbiote commensal (par opposition aux microbes pathogènes) est connu pour jouer un rôle protecteur contre les infections par des microbes pathogènes.
Les résultats de cette étude décrivent pour la première fois un nouveau rôle du microbiote cutané dans l’activation de l’immunité innée de l’hôte humain par l’intermédiaire d’une cascade de signalisation cellulaire et moléculaire aboutissant à un processus de cicatrisation significativement plus rapide. En particulier, elle identifie le rôle bénéfique central de l’ADN d’une espèce bactérienne spécifique: les staphylocoques.
Ainsi, les travaux du Dr. Cyrine Belkhodja ont abouti à cette découverte majeure concernant la compréhension des mécanismes de cicatrisation tissulaire, une première mondiale, remettant en cause le dogme de l’asepsie dans la gestion des blessures cutanées et ouvre de nouvelles perspectives de développement de stratégies thérapeutiques pour améliorer la cicatrisation des plaies cutanées basées sur la modulation du microbiote cutané.
Elle vient d’en publier le contenu comme co-contributrice principale et co-première autrice d’un article intitulé « The commensal skin microbiota triggers type I IFN-dependent innate repair responses in injured skin » (le microbiote cutané commensal déclenche des réponses de réparation innée, dépendantes de l’interféron de type I dans la peau lésée) publié le 13 juillet dernier dans le très prestigieux journal scientifique Nature Immunology (https://www.nature.com/articles/s41590-020-0721-6).
Aujourd’hui, le Dr. Cyrine Belkhodja s’est orientée vers une carrière dans le secteur de l’industrie pharmaceutique. Elle travaille en Suisse dans le domaine des affaires réglementaires.