En dépit du chahut et du harcèlement qu’ont exercé Ennahdha et son “allié“ Qalb Tounès sur le gouvernement Elyès Fakhfakh, certains ministres ont été à la hauteur de leur mission en s’acquittant de leur tâche. Certains diront tout simplement qu’ils ont été de “bons ministres“.
Abou SARRA
Ces ministres ont eu pour mérite d’entamer en une période si courte (cinq mois), l’exécution de réformes structurelles majeures. Ces réformes, qui ont fait l’objet de lois et décisions gouvernementales, peuvent contribuer de manière significative à la relance économique et à l’amélioration des finances publiques. Il leur manque juste des textes d’application clairs pour impacter positivement la situation générale dans le pays.
Pour mener à terme leurs projets, nous pensons que ces ministres gagneraient à être reconduits dans le gouvernement Mechichi, si jamais ce dernier parvenait à être validé par le Parlement. Il y va de l’intérêt supérieur du pays et de la continuité de l’Etat.
Compte tenu de l’impact immédiat de ces réformes, cinq ministres doivent, à notre avis, être maintenus dans leur poste, et ce en raison de la délicatesse des dossiers qu’ils gèrent.
Se soucier du financement du budget
Le premier est manifestement l’excellent ministre des Finances, Nizar Yaïche. Celui-ci est appelé à négocier, en toute urgence, un nouveau programme de financement avec le FMI.
Il se propose également de baisser, à partir de 2021, la pression fiscale, de supprimer le régime des forfaitaires, mais surtout de s’attaquer au secteur informel –avec l’objectif non pas de le supprimer mais de le formaliser avec en prime des recettes fiscales supplémentaires à l’horizon pour les caisses de l’Etat.
Le deuxième est Fadhel Kraiem, ministre des Technologies de la communication et de la Transformation numérique. Il chapeaute, comme l’indique du reste l’intitulé de son département, la digitalisation au sens large du terme de tout le pays. C’est un chantier énorme qui ne peut être mené que par quelqu’un du domaine des technologies de la communication de la carrure de M. Kraiem.
Ayant des postes de responsabilité au sein d’un opérateur des télécommunications, en l’occurrence Tunisie Telecom, il maîtrise de bout en bout ce secteur dont le développement est aujourd’hui voulu et souhaité par tout le monde.
A notre avis, enlever ou même changer Fadhel Kraiem de son poste serait une grave erreur de Hichem Mechichi.
Le troisième est Slim Azzabi, ministre du Développement, de la Coopération internationale et de l’Investissement. Il aura pour délicate mission de terminer les négociations entamées avec la France, l’Italie, le Qatar et l’Arabie saoudite pour le report ou le rééchelonnement des dettes contractées auprès de ces pays.
Marquer les esprits par la démocratisation de l’accès à la propriété
Le quatrième est Ghazi Chaouachi, ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières. Il aura à poursuivre, entre autres, la gestion délicate du dossier la Banque franco-tunisienne (BFT) et le dossier de l’accès à la propriété foncière.
Concernant ce dernier dossier, il s’agit d’un programme social visant à céder à un prix symbolique à quelque 300 mille familles des terrains domaniaux sur lesquels elles ont construit leurs logements, depuis des décennies. Ce programme tend également à faire accéder, à la légalité de l’appropriation des parcelles domaniales, des milliers d’agriculteurs locataires qui exploitent, sans titre de propriété, ces terres depuis plus de 50 ans. Ce serait une véritable révolution agraire si elle aboutissait.
Le cinquième ministre qui devrait conserver son poste est Fethi Belhaj, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Ce haut cadre est appelé à promulguer, dans les meilleurs délais, les textes d’application de deux législations capitales : la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) et le décret-loi sur l’autoentreprenariat. Plus d’un million d’emplois en vue.
En toute logique -politique, économique et sociale-, la qualité et la gravité des dossiers que ces ministres gèrent les habilitent à être maintenus dans le prochain gouvernement. Il y va de l’intérêt supérieur du pays et de la continuité de l’Etat.
A Hichem Mechichi de décider… en connaissance de cause !