Plus de dix ans après que la justice a réparti l’héritage de feu Ali Mheni entre ses héritiers, le groupe éponyme continue à se déliter, de diverses manières.
Le 18 novembre 2019, c’est la justice qui va de nouveau sévir. Ce jour-là, suite à un jugement de saisie prononcé par la chambre des criées du tribunal de première instance de Tunis 2, contre la société Préfabriquée Ali Mheni (PAM), à la demande de la Tunisian Saoudian Bank, il sera procédé à la vente d’une parcelle de terrain dénommé “Purfina Djebel”, à Jebel Jelloud, d’une superficie de 1200 m2, qui servait de base à l’activité BTP de feu Ali Mheni.
Ensuite, les trois sociétés qui le composent -Les Produits Spéciaux Ali Mheni (PROSAMI, briques et tuiles), Briqueterie Ali Mheni (BAMI) et Préfabriqués Ali Mheni (PAMI)- actuellement en cours d’évaluation, seront elles aussi mises en vente au cours des prochaines semaines ou mois. C’est l’expert Jamel El Kamel qui a été chargé par la justice de préparer le dossier de l’appel d’offres.
La mise en vente de cette composante essentielle du groupe intervient après une vaine tentative de repêchage. En effet, le tribunal de première instance de Monastir avait chargé, en septembre 2016, les experts Noureddine Zaghdoudi et Majed Khadhraoui -nommés alors administrateurs judiciaires des deux sociétés-, d’élaborer un plan de sauvetage de la Société Produits spéciaux Ali Mheni “PROSAMI” SA et de la Société Briqueterie Ali MHENI “BAMI” SA.
Ce n’est pas la première fois qu’une société du groupe Mheni fait l’objet d’une vente judiciaire. En fait, rares sont les héritiers de feu Ali Mheni dont tout ou partie des biens hérités se porte bien et n’a pas dû passer sous les fourches caudines de l’administration et, pis, de la vente judiciaire.
A commencer par Mourad Mheni qui a subi deux ventes judiciaires (l’Hôtel Miramar et l’Hôtel Club Miramar), mais a également vendu lui-même ses établissements en 2018 et 2019. Mais prudent, l’aîné de la fratrie Mheni, sentant peut-être le vent tourner, a commencé par vendre lui-même dès 2013 l’un de ses établissements, en l’occurrence le Carthage Thalasso (5 étoiles, 510 lits) à Gammarth.
Avant d’en venir à cette solution extrême, Mourad Mheni, confronté à des difficultés depuis 2010, avait choisi de donner trois de ses hôtels en location-gérance à la Société des Services Touristiques et hôtelières Wonder Hotels and SPA (hôtel MIRAMAR GOLF sis à El Kantaoui), et ENJOY HOTELS COLLECTION (hôtel Miramar Royal Thalasso Zone Touristique Skanès Monastir et hôtel MIRAMAR HAMMAMET).
Raouf Mheni a lui aussi connu des mésaventures. En 2018, sa société le Complexe touristique et foncier Skanès El Hana, propriétaire de l’hôtel Skanès El Hana, a été mise en vente pour 18,2 millions de dinars. Et l’établissement qu’il possède en plein centre de Tunis, le célèbre El Hana International, confronté depuis des années à d’énormes difficultés, dont un endettement estimé, en 2016, à plus de dix-sept millions de dinars, risque de connaître le même sort s’il n’arrive pas à se redresser.