Hichem Mechichi, chargé de former le gouvernement, s’est entretenu, vendredi 7 courant à Dar Dhiafa à Carthage, avec les chefs de gouvernement qui se sont succédé à la tête de l’exécutif après la révolution, dans le cadre des concertations engagées pour former le prochain gouvernement.
A l’issue de la rencontre, l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed a appelé à assainir le climat politique pour permettre au futur gouvernement de se consacrer entièrement au traitement des questions économiques et sociales.
” Il est insensé pour un gouvernement de travailler dans un climat politique tendu alors que les partis tirent sur lui à boulets rouges, tout en exigeant des résultats “, a estimé Chahed, appelant toutes les parties à mettre fin à cette situation et à participer au rétablissement de la confiance dans l’administration et les institutions de l’Etat.
” Quelque soit la nature du gouvernement, partisan ou de compétences, il revient au chef du gouvernement de jouer un rôle important pour atténuer les différends entre les protagonistes politiques ” a-t-il déclaré.
Chahed a également fait savoir qu’il avait présenté ainsi que ses prédécesseurs, à Mechichi, une évaluation des erreurs qu’ils ont commis durant la dernière décennie, pour lui permettre d’en tirer les leçons.
De son côté, Hamadi Jebali a fait observer qu’il avait partagé ainsi que les autres anciens chefs de gouvernement le récit de leur expérience au pouvoir avec le chargé de former le gouvernement dans ce qu’elle a de positif à retenir et de négatif à conjurer. ” J’ai proposé à Hichem Mechichi de former une institution collégiale consultative composée des anciens chefs de gouvernement et des expertises tunisiennes non partisanes ayant occupé des postes de responsabilité par le passé “.
Jebali estime qu’il est nécessaire que le chef du gouvernement puisse exercer pleinement ses prérogatives constitutionnelles au lieu de faire un retour en arrière et opter pour un régime politique inconstitutionnel qui exclut les partis de l’équation et du jeu politique sous prétexte que les acteurs de la scène politique sont incapables de gouverner.
” Mechichi bénéficie d’une image positive auprès de l’opinion publique qu’il se doit d’étoffer et de concrétiser par l’action et les réalisations. Je l’exhorte à former un gouvernement d’action sur la base de compétences, capable de fédérer les efforts de tous pour servir le pays “, a précisé Jebali.
Des personnalités nationales
Par ailleurs, au cours de la journée de jeudi 6 août, le chef du gouvernement désigné a reçu des personnalités nationales, des hommes de culture et des professionnels de médias, dans le cadre des concertations pour la formation du prochain gouvernement.
En effet, un communiqué du chargé de communication auprès de Hichem Mechichi indique que ce dernier rencontrera l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, le président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, Taïeb Zahar, et l’homme de théâtre Taoufik Jebali.
A noter qu’il s’est s’est déjà entretenu avec les députés hors groupes (Mongi Rahoui, Safi Saïd, Mabrouk Korchid, Yassine Ayari et Fayçal Tebbini).
Il a également rencontré l’ancien président de la République par intérim, Mohamed Ennaceur, qui lui a proposé de tenir une “Conférence de salut national” avec la participation des partis, des groupes parlementaires, des organisations et des personnalités nationales.
Des propositions devront être présentées au cours de cette conférence ainsi qu’un plan de sauvetage à mettre en œuvre ultérieurement par le gouvernement, explique-t-il.
Mohamed Ennaceur expliquera aux médias à l’issue de sa rencontre avec le chef du gouvernement désigné lui avoir soumis sa vision à propos d’un plan de sauvetage en deux étapes: la première étape sera consacrée au traitement des problèmes urgents et la deuxième concerne les questions à long terme et une vision pour l’avenir de la Tunisie durant les trois prochaines décennies.
Les participants à la Conférence de salut national auront à examiner les orientations politiques, économiques et sociales ainsi que les grandes réformes pour “construire une nouvelle Tunisie qui fait l’unanimité de tous”, a fait valoir Mohamed Ennaceur.
“Un consensus autour d’un plan de sauvetage est le meilleur message que peuvent envoyer les acteurs politiques aux Tunisiens, en évitant la logique du butin et du partage du pouvoir”, a-t-il insisté.
Sur un autre plan, Ennaceur a souligné l’importance du retour au travail pour les Tunisiens et le besoin, durant les trois prochaines années, d’un apaisement global et de surmonter les divergences politiques afin de donner le temps nécessaire au gouvernement de réaliser un programme de salut national.
Par la suite, il reçu Foued Mebazaâ, lui aussi ancien président de la République par intérim, qui a déclaré avoir “conseillé le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, de former un gouvernement de réalisations avec la participation du plus grand nombre de femmes”.
Selon lui, Mechichi est une compétence administrative, disposant d’une vision claire et jouissant d’une unanimité nationale. Toutefois, “la position politique et le niveau culturel ne sont pas suffisants pour faire réussir l’action gouvernementale autant qu’une connaissance des rouages de l’Etat et de l’administration et une capacité à accomplir des réalisations, fait valoir Mebazaâ.
Rappelons que Mechichi a démarré les concertations pour la formation de son gouvernement le 27 juillet dernier avec des rencontres avec les représentants des organisations nationales, des experts en économie et en droits ainsi que des ministres du gouvernement de gestion des affaires courantes.