Dans cet entretien accordé à l’agence TAP, Ghazi Ben Ahmed, président du Mediterranean Development Initiative, estime “ illusoire et irréaliste“ d’envisager un plan de relance économique comme une priorité immédiate.
Pour Ghazi Ben Ahmed, « le chef du gouvernement désigné Hichem Mechichi l’a bien compris en évoquant pour objectif, avant toute autre chose, d’arrêter l’hémorragie au niveau des indicateurs économiques et sociaux et de ne parler de décollage économique que plus tard ».
Voici ce qu’a dit le futur locataire de La Kasbah : ” On ne prétend pas qu’on va sauver l’économie, mais on veut au moins rétablir les équilibres globaux au niveau du budget et des fondamentaux économiques du pays. Après un an et demi ou deux ans, on pourra parler de relance économique grâce notamment à une stabilité politique”.
Ben Ahmed, considère qu’il n’a pas tort, car « une destruction importante de notre tissu économique empêcherait tout rebond et tout élan vers l’avenir. Il faudra agir à la fois en aidant les entreprises afin de sauvegarder l’appareil de production, et, dans la mesure des moyens, soutenir la consommation ».
Toujours selon lui, «… une forte augmentation du chômage et des troubles sociaux rendrait inaudibles les enjeux de plus long terme que sont pour nous un nouveau modèle de développement basé sur des emplois à forte valeur ajoutée, une économie plus soucieuse des enjeux environnementaux et un développement inclusif visant à stopper le creusement des inégalités et à les réduire ».
Dans cette optique, il invite le prochain gouvernement à protéger l’appareil de production, mais aussi à aider les jeunes, « car c’est eux les acteurs de l’indispensable transformation économique, sociale, technologique et écologique de la Tunisie ».
Mais ce n’est pas tout, il appelle « à la mise en place d’un plan de sauvetage des entreprises publiques à travers une conférence nationale organisée par le gouvernement conjointement avec l’UGTT ».
Au besoin, il recommande d’envisager « la privatisation de certaines entreprises publiques afin de recueillir des fonds susceptibles d’aider à rééquilibrer les finances publiques et sortir quelque peu le pays de la crise ».
« Le think tank que je préside, le MDI (Mediterranean Development Initiative), indique-t-il, a commencé à réfléchir à deux mégaprojets de développement régional intégré d’intérêt national, l’un pour la région nord-ouest et l’autre pour le sud, dans le cadre de la Route de la soie. Chaque projet impliquera les députés et des ONG des régions concernées et répondra aux besoins en infrastructures, projets, investissements et énergie ».
Selon lui, ce genre de projets peut redynamiser ces régions trop longtemps négligées, dans un contexte difficile où le marché financier international devient prohibitif et les partenaires traditionnels subissent de plein fouet l’impact économique et financier de la Covid-19.