Dans une interview à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), Ghazi Ben Ahmed, président du Mediterranean Development Initiative, juge la situation économique et financière de la Tunisie très préoccupante. La cause à la pandémie du coronavirus dont les conséquences sur l’économie engendreront 200 000 chômeurs supplémentaires d’ici à fin décembre 2020.
Son diagnostic de la donne économique et financière actuelle est qu'”on se souviendra longtemps de l’été 2020. Un moment suspendu. Un temps mort entre une épidémie qui n’en finit plus et une rentrée que l’on redoute, que l’on pressent tel un tsunami engendré par le séisme du Covid-19″.
Selon Ghazi Ben Ahmed, la Covid-19 a amplifié la crise économique (croissance économique négative au premier trimestre 2020) qui couvait déjà, avec des “… répercussions qui risquent d’enflammer la colère publique et d’entraîner des troubles majeurs au second semestre 2020 et culminer en janvier 2021”.
Pour étayer ses dires, il se réfère au rapport du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) qui a montré une augmentation du nombre de mouvements de protestations d’un mois à l’autre. “… Les mouvements de protestation ont principalement concerné les travailleurs ayant perdu leur salaire et/ou leur emploi, mais ils ont aussi été observés pour revendiquer le droit d’accès à l’eau potable et à l’emploi, outre les revendications dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la sécurité”.
Pour Ben Ahmed, “… l’urgence pour les citoyens tunisiens est de nature économique et sociale. La transition démocratique en Tunisie n’est pas heureuse. Les dividendes de la démocratie ne se sont pas matérialisés, les Tunisiens sont en colère et ne voient pas le bout du tunnel”.
Son pessimisme le pousse à prédire que “la Tunisie va connaître sa plus forte récession depuis l’indépendance en 1956”, et que le nombre de chômeurs supplémentaires s’élèvera à 200 000, soit un total de plus de 800 000 chômeurs (19% de la population active).
Et pour se dédouaner, Ben Ahmed indique que “ces chiffres sont disponibles dans l’annexe au crédit Covid-19 attribué par le FMI à la Tunisie en avril 2020”.
“La Tunisie aura aussi du mal à boucler son budget. Nous avons besoin encore de 3,9 milliards de dinars (1,2 milliard d’euros), soit 9% du budget prévu dans la loi de finances 2020, et le déficit budgétaire devrait atteindre 7% du PIB à la fin de l’année”.