Dans une interview à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), Ghazi Ben Ahmed, président du Mediterranean Development Initiative, estime que le jeu de la démocratie et des partis est un jeu salutaire qu’il faut intégrer dans l’équation.
Interrogé sur les querelles politiques qui pourraient retarder encore la relance économique, Ghazi Ben Ahmed a répondu que «… les querelles politiques et l’instabilité qu’elles engendrent sont inhérentes à notre transition démocratique, et c’est en quelque sorte le prix à payer ».
Et il développe sa pensée : « A chaque fois qu’il y a une crise politique ou une crise gouvernementale, on apprend, on dépasse l’obstacle et on renforce notre capital démocratique. Il faut faire avec. Ce n’est pas une donnée que l’on contrôle. Le jeu de la démocratie et des partis, des forces pour et contre, est un jeu salutaire, qu’il faut intégrer dans l’équation. C’est vrai que ça peut retarder la prise de décision, mais cela n’explique pas tout ».
Pour autant, le non accomplissement de certaines réformes n’est pas dû aux tiraillements politiques. En effet, il rappelle que «… la décision de réformer et d’agrandir le port de Radès date déjà d’avant la révolution. Aucun gouvernement post-révolution n’a pris les mesures nécessaires pour l’améliorer ». Selon lui, « on est dans une sorte de fuite en avant, de rafistolage et de petites solutions au lieu de prendre des solutions radicales pour améliorer la situation. C’est ce qui doit changer. C’est ce que les Tunisiens attendent : de l’audace dans la prise de décision ».
Sur ce point, Ben Ahmed se montre optimiste et considère que la Tunisie a le potentiel pour s’en sortir. Cependant, il faudra que le futur gouvernement se donne un certain nombre de priorités à respecter.
Pour ce faire, Ghazi Ben Ahmed prodigue quelques conseils. D’abord, en matière de santé, il estime vital de « continuer à protéger les citoyens sans immobiliser le pays au point où il s’effondrerait. C’est une ligne de crête délicate qu’il faut suivre au moment où l’épidémie semble redémarrer. Un peu trop d’insouciance et c’est le nombre d’infections qui repart. Un peu trop de prudence et c’est l’ensemble du pays qui s’enfonce ».
Ensuite, concernant la relance économique et sociale, Ben Ahmed souligne qu’elle nécessite deux pré-requis. Primo, il faut éviter l’effondrement de notre société en maintenant des liens sociaux forts. Cela implique d’arrêter, prioritairement, l’hémorragie en évitant un chômage de masse, donner du répit aux entreprises et faire un moratoire sur le remboursement des crédits, explique-t-il.
Secundo, « il faut être conscient qu’un plan de relance économique ne peut se baser que sur les ressources propres du pays. Faute de moyens et faute de temps aussi, il faudra forcément recourir à l’endettement ».
Sera-t-il écouté ? Wait and see.