“L’économie tunisienne a enregistré sa plus forte contraction depuis que les comptes trimestriels sont élaborés par l’INS (1997), avec une chute de la croissance à -21,6% en glissement annuel, à la fin du deuxième trimestre 2020”, a indiqué, samedi, le directeur général de l’Institut National de la Statistique (INS), Adnen Lassoued, dans une déclaration à l’agence TAP.
Et d’ajouter que cette baisse inédite du PIB, due au confinement décidé afin de faire face à la propagation de la pandémie du coronavirus, a touché quasiment tous les secteurs d’activité en dehors de l’agriculture.
L’activité des hôtels, cafés et restaurants est la plus touchée par le confinement (-77,5%)
“Les activités de services ont été les plus touchées par le confinement avec une contraction de 30,4% de la valeur ajoutée globale des services marchands. Les restrictions de circulation et la fermeture des frontières ont ainsi lourdement affecté l’activité des hôtels, cafés et restaurants (-77,5%) ainsi que les services de transport (-51,4%)”, a-t-il expliqué, ajoutant que “contraints au service minimum, même les services non marchands, représentés essentiellement par les prestations fournies par les administrations publiques, et qui ont d’habitude un rythme constant, leur valeur ajouté a régressé de 15,5%.
De même, a-t-il encore constaté, “les industries manufacturières ont vu leur valeur ajoutée se contracter de 27% ; mais ce sont surtout les industries exportatrices qui ont le plus souffert, avec des baisses de 42% pour l’industrie textile et 35,9% pour les industries mécaniques et électriques. Les industries des matériaux de construction ont également été fortement touchées (-38,4%) dans le sillage du net recul de l’activité de construction (-42,5%)”.
Bien que Lassoued a admis que cette chute du taux de croissance est “exceptionnelle par son ampleur”, elle reste néanmoins “comparable à celle de plusieurs pays dans le monde”, puisqu’elle est due à “des conditions sanitaires exceptionnelles et à une crise qui a touché la plupart des pays”. Ainsi “la Grande Bretagne ou l’Espagne ont enregistré une contraction de leur taux de croissance de plus de 20%, et la plupart des pays européens ont eu une croissance négative à deux chiffres au deuxième trimestre”, a affirmé le responsable.
La crise du Covid-19 a fortement pesé sur le marché de l’emploi
Le DG de l’INS a fait savoir, également, que “la crise du Covid-19 a fortement pesé, aussi, sur le marché de l’emploi, étant donné que le taux de chômage a augmenté à 18% au second trimestre 2020, soit son niveau le plus haut depuis le quatrième trimestre de 2011”.
Il faut néanmoins souligner que, contrairement à 2011, une large partie de la population occupée (plus de 58% en avril) était en arrêt temporaire de travail durant le confinement.
Quant aux pertes d’emploi, le responsable a fait savoir “qu’elles se sont élevées à 161 mille en moyenne sur le deuxième trimestre, dont 52,7 mille emplois perdus dans le secteur de services, 51,9 mille dans la filière des industries manufacturières et 46,8 mille dans l’activité de la construction.
L’enquête révèle également que 34,4% des salariés n’ont pas reçu de rémunération durant le confinement total en avril et que seuls 47,8% ont reçu l’intégralité de leur salaire.
Une reprise graduelle de l’activité économique enregistrée depuis le mois d’avril
Lassoued a tenu, toutefois, à souligner qu’une lecture des indicateurs mensuels fait ressortir une reprise graduelle de l’activité économique, depuis le mois d’avril.
“L’indice de production industrielle a ainsi retrouvé, en juin, son niveau de fin 2019, une tendance qui se confirme, aussi, du côté des échanges extérieurs de marchandises. De même, le profil infra-trimestriel des statistiques de l’emploi indique une amélioration du marché du travail au fil du déconfinement de l’activité. L’estimation mensuelle montre ainsi que le taux de chômage qui aurait culminé à 19% en avril aurait depuis reflué à 16.6% en juin”, a-t-il noté.
Par ailleurs, il a indiqué que le taux de présence au travail des occupés qui n’était que de 42% en avril a atteint 95% en juin dénotant une normalisation progressive de l’activité.
Il est à noter que, comme attendu, l’impact de la crise a été le plus fort en avril puisque ce mois s’est entièrement déroulé sous un confinement total.
Le DG de l’INS n’a pas manqué de souligner que “cette reprise naissante reste tributaire de l’évolution de la situation sanitaire aussi bien en Tunisie que dans les pays partenaires et plus généralement d’une amélioration du climat des affaires”.