La collecte des économies des travailleurs émigrés est retenue par la Banque mondiale comme une importante ressource pour renforcer les avoirs en devises des pays émetteurs, particulièrement pour éviter l’endettement en périodes de crise. Ces pays, conscients de cette manne, ont créé des banques de proximité spécialisées dans la collecte de ces fonds dans les pays émetteurs.
Des pays comme le Liban, le Maroc et l’Egypte, qui disposent d’importantes colonies à l’étranger, en ont tiré, jusqu’à ce jour, des transferts de devises forts significatives. Ce n’est malheureusement pas le cas de la Tunisie qui compte pourtant plus de 1,4 million de ressortissants à l’étranger.
Les transferts des Tunisiens à l’étranger sont les plus faibles dans le monde arabe
Selon des statistiques de la Banque mondiale sur les migrations et le développement (publiées en mars-avril 2018), le volume des transferts des Tunisiens à l’étranger est des plus faibles dans le monde arabe.
Dans cette région, le pays qui a le plus bénéficié des transferts de ces économies est l’Egypte qui a reçu 20 milliards de dollars (6,4%). Elle est suivie très loin par le Liban avec 8 milliards de dollars (15,1%), le Maroc (7,5 milliards de dollars, 6,7%), la Jordanie (4,4 milliards de dollars, 1,9%), le Yémen (3,4 milliards de dollars, 13,1%), l’Algérie (2,1 milliards de dollars, 1,2%), la Tunisie (1,9 milliard de dollars de dollar, 4,8%).
La modicité des transferts en Tunisie est expliquée en partie par les coûts élevés des transferts lesquels sont supérieurs à la moyenne des coûts des transferts dans le monde.
Elle serait également due à l’incapacité de la Tunisian Foreign Bank (TFB) “à mobiliser et à capter, en volumes significatifs, l’épargne des Tunisiens à l’étranger, contrairement aux banques off shore marocaines, libanaises et égyptiennes”.
Mention spéciale pour Banque Zitouna et Attijari Bank
Cette contre performance, a poussé certaines banques à investir dans ce créneau et à prendre des initiatives visant à collecter l’épargne des membres de la colonie tunisienne à l’étranger.
C’est le cas de Banque Zitouna. Rachetée en octobre 2018 par la société qatarie “Majda Tunisia“, cette banque a récemment concrétisé, dans cette perspective, un projet qui mérite qu’on s’y attarde. Elle vient tout simplement d’établir, à Doha, un partenariat avec des banques qataries en vue de faciliter les transferts en Tunisie des Tunisiens résidents au Qatar.
Concrètement, il s’agit de faciliter leur accès au système bancaire soit pour le dépôt de leurs économies en devises, soit pour le transfert, soit pour le financement de leurs projets en Tunisie.
Selon Nabil El Mdani, directeur général de la banque, « Banque Zitouna compte élargir cette expérience à d’autres pays étrangers où résident des Tunisiens ».
C’est le cas également d’Attijari Bank. Cette banque, qui peut compter sur le réseau du groupe AttijariWafa bank, a déjà à son actif un espace dédié aux Tunisiens à l’étranger, «Privilèges Bledi» et plusieurs instruments pour encourager les Tunisiens à transférer leurs fonds en Tunisie.
Il s’agit entre autres de comptes en dinars convertibles ou en devises, de cartes bancaires Gold internationale personnalisée “Privilèges“ pour retraits et paiements, des commissions sur les transferts reçus, des réductions de 50% sur les frais de mise à disposition, des taux bonifiés sur le crédit immobilier “Dari fi bledi“, des crédits adaptés aux besoins des Tunisiens résidant à l’étranger, une réduction sur la commission perçue lors d’un versement sur le compte en devises, bonification sur les taux de change lors d’un versement sur le compte, gratuité de la commission de prélèvement.