Pendant deux années, Nour Grioui et son équipe Enactus INSAT ont sillonné la Tunisie en long et en large, parcourant 8 500 km pour réaliser un rêve : l’invention d’un “filtre à ordures“. Zigofiltre est une cage métallique qu’on peut placer sous les plaques des canalisations et égouts routiers et qui retient les déchets macroscopiques et les boues entraînées par les eaux pluviales, sans faire obstacle à la circulation et l’évacuation des eaux. Zigofiltre ne prévient pas seulement un des aspects de la pollution urbaine, mais aussi les inondations fatales dont souffre le pays à chaque fois que des pluies torrentielles adviennent.
Et c’est cette équipe-là qui a remporté la compétition nationale d’Enactus Tunisie organisée comme de tradition avec le concours de la Konrad Adenauer Stiftung.
Une invention qui va en droite ligne avec les exigences du siècle et à l’heure où la pollution s’immisce de plus en plus dans nos paysages rendant difficile leur gestion et où la Tunisie a du mal à maintenir en état des infrastructures vétustes et désuètes, ce sont les jeunes de l’INSAT formés à l’école Enactus qui prennent sur eux de créer un outil intelligent pour gérer les eaux usées.
Ce sont ces jeunes consciences éveillées à l’importance d’une entreprise qui prend en considération le développement durable qui s’attellent à mettre au point des solutions créatives et innovantes.
« Nous avons dû consacrer 1 700 heures pour la concrétisation d’une idée que nous avons rêvé. Notre chemin a été sinueux et long, mais notre foi a été plus forte et nous avons persévéré parce que nous croyons en notre capacité à changer notre vécu. Nous voulons agir et pas subir. En tant que Team Leader, je ne peux qu’être fière de voir Zigofiltre désormais en place dans certaines régions tunisiennes. L’aventure ne fait que commencer », a déclaré Nour Grioui.
C’est en ligne que s’est tenue la 12ème édition de la Compétition nationale Enactus, les 24, 25 et 26 août sur la page Facebook “Enactus Tunisia” et qui a regroupé plus de 11 000 participants, entre étudiants, business leaders et enseignants universitaires.
Une compétition couronnée par la victoire de l’équipe de l’INSAT grâce à son invention Zigofiltre, suivie par Enactus Esprit ICT et Enactus ENET’Com.
Rappelons que tout au long de l’année 2020, une année particulièrement difficile à cause de l’avènement de la pandémie Covid-19, plus de 3 100 étudiants en provenance de 80 établissements de l’enseignement supérieur publics et privés, affiliés à Enactus Tunisie (écoles de commerce, de gestion, d’ingénieurs et de santé) et des centres de formation professionnelle ont participé au programme Enactus et se sont investis dans la mise en place de projets diversifiés favorisant le bien-être social et le progrès sociétal dans notre pays. Chacun de ces projets répond, au moins, à l’un des 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations unies.
Seize (16) équipes ont été qualifiées pour participer à la compétition nationale parmi les 80 candidates. Elles ont présenté leurs projets devant un jury composé de 80 professionnels du monde de l’entreprise. A quelque chose malheur est bon, cette année où la compétition s’est soumise au principe du non contact a été exceptionnelle en ce sens que des invités internationaux ont pu y participer ainsi que de grandes carrures nationales. Parmi les guest speakers, nous pouvons citer, Joel Conner, Senior Advisor to Bellisio Foods, Kees Kruythoff, Enactus chair, chairman; CEO, The LIVEKINDLY CO; Co-Founder, IMAGINE; Fomer President, Home Care, Uniliver, Mike Moore, CEO Anderson Merchandisers, Badreddine Ouali, President & CEO, Vermeg; President of Tunisian Foundation for Development, Farouk Zouhir, Founder of SENSEA Lab Deputy GM of Sancella Group, M. Ferid Belhaj, Vice-Président du Groupe de la Banque Mondiale pour la région MENA.
ENACTUS est l’un des rares programmes destinés à la formation des jeunes universitaires à l’entrepreneuriat social capable de mobiliser dans un seul espace autant d’esprits créatifs, soit des milliers d’étudiants engagés dans une dynamique positive et constructive d’inventions innovantes et de projets sociétaux.
Lancé par Monia Jeguirim Saïdi, en 2009, alors présidente du CJD (Centre des jeunes dirigeants) et dirigé depuis par Khaoula Khedimi Boussemma, ce programme appelé initialement SIFE a œuvré pour la naissance de générations d’entrepreneurs imprégnés de l’importance de leur rôle dans le développement de l’initiative privé et de la libre entreprise. Des jeunes qui considèrent que pour vivre dans un monde meilleur, l’humain doit primer sur le gain.
Le seul vrai pouvoir révolutionnaire, c’est le pouvoir d’inventer (dixit Joseph Beuys).
Amel Belhadj Ali