Un tableau sombre que celui brossé par Elyès Fakhfakh, chef du gouvernement sortant, lors de la séance de passation de pouvoirs avec Hichem Mechichi et au cours de laquelle il a dénoncé la détérioration de la vie politique dans notre pays et ses conséquences sur les aspects socioéconomiques et sécuritaires et les dangers qui planent sur la souveraineté nationale.
«Nous avons travaillé d’arrache-pied dès que nous avons pris nos postes pour sauver le pays de la propagation de la Covid-19. Nous l’avons fait avec beaucoup d’engagement, et nous avons apprécié l’élan de solidarité venu de tous nos compatriotes. Nous avons également entamé le processus de relance économique et mis en place les réformes qui s’imposent pour sauver le pays. Malheureusement, que n’a-t-on pas fait pour faire tomber notre gouvernement ».
Elyès Fakhfakh a attesté qu’aucune réforme socioéconomique, aucune stabilité ne seront réalisées en Tunisie sans la moralisation de la vie politique. « Je suis convaincu que tant que nous n’avons pas moralisé la vie politique et que nous ne l’avons pas assaini, nous ne pourrons pas sauver la Tunisie. Notre Etat est menacé, le clanisme, le corporatisme et les intérêts égoïstes y ont envahi tous les arcanes».
Le CDG partant se dit horrifié par la capacité du capital et de l’argent sale à corrompre les institutions démocratiques, menaçant la démocratie elle-même. Des financements douteux auraient pollué la vie politique et permis d’avoir des appuis auprès de tous les centres de décision depuis l’ARP, les instances indépendantes et jusqu’aux médias et l’administration et les institutions publiques.
Les flux de financements occultes menacent aujourd’hui la souveraineté nationale. «La Tunisie perd de plus en plus sa souveraineté, et la capacité des parties étrangères à déstabiliser le pays de l’intérieur à travers des parties tunisiennes est réelle. Si nous ne réagissons pas rapidement, nous condamnerons notre pays à la décadence et nous ouvrirons grande la porte à la violence ».
Elyès Fakhfakh a déploré la destruction des rêves des jeunes et leurs ambitions pour se projeter dans leur pays. Il a exprimé sa frustration de voir tous les programmes mis en place pour le sauvetage du pays échouer face aux campagnes et aux plans vicieux des mafias financières et politiques. « La Tunisie est de nouveau tombée dans l’instabilité politique alors que les crises socioéconomique, sanitaire et sécuritaire sont de plus en plus difficiles à solutionner ».
Le mot prononcé par Hichem Mechichi, nouveau CDG, a été court. Il a affirmé que son gouvernement arrêtera la chute libre de l’économie nationale et qu’il fera tout pour que la Tunisie reprenne son souffle et se remette sur pieds. Il a promis une bataille sans merci contre les terroristes et la petite et grande délinquance.
Les affirmations du CDG partant sont inquiétantes au plus haut point. Les promesses du nouveau CDG paraissent rassurantes.
Les Tunisiens devront attendre encore longtemps pour voir clair dans ce qui se passe dans leur pays et pour avoir de nouveau confiance dans une classe politique qui n’en est plus une.
Amel Belhadj Ali