Attaquée de toutes parts par des concurrents locaux et non-résidents, qui lui ont fait perdre plus de la moitié de son chiffre d’affaires, la société Promosport riposte devant les tribunaux et cherche à nouer un partenariat avec une multinationale.

Enjeu : le contrôle d’un marché de près de 160 millions de dinars.

Adel Zeramdini est soulagé. Le président directeur général de la société Promosport a dû pousser un double ouf de soulagement suite à la reprise des compétitions sportives, internationales (début avril 2020) puis nationales (cinq mois plus tard), qui sont au cœur de son business.

Malchanceux, le patron de cette société publique en a pris les commandes, le 1er avril 2020, alors que la crise du coronavirus venait de provoquer la suspension de toutes les manifestations publiques, notamment sportives.

Cette parenthèse longue de plus de quatre mois a coûté cher à la société Promosport: la perte de 10 millions de dinars de chiffre d’affaires. Depuis, l’activité a repris mais l’opérateur public des paris sportifs n’est pas pour autant sorti de l’auberge. Il doit faire face à un problème encore plus sérieux : les concurrents non-résidents et locaux qui, depuis quelques années, lui taillent des croupières.

En effet, d’après Zeramdini, l’écrasante majorité des quelque 650 000 parieurs tunisiens est attirée par les plateformes non-résidentes. Il s’agit de BES.SAS (bwin.fr – partypoker.fr), Betclic Entreprises Limited (betclic.fr) et SPS Betting France Limited (unibet.fr) qui ont pour relais les quelque 280 publinets, à l’origine simples points d’accès à internet, qui ont changé de métier sans coup férir pour devenir des boutiques de paris sportifs.

L’entreprise des paris sportifs a soulevé ce problème -via sa tutelle, le ministère de la Jeunesse et des Sports- auprès de celui des Technologies de la Communication -qui accorde les agréments des publinets. En vain. Les tenanciers de ces boutiques, dont la plupart ont basculé complètement dans les paris sportifs, continuent leur activité sans être inquiétés.

Invité à dire s’il entend s’attaquer à ce phénomène, le ministère des Technologies de la Communication n’a pas répondu.

Au grand dam du patron de la société Promosport – convaincu que sa société «toute seule est incapable d’éradiquer ce fléau. Elle a besoin de soutien de tous les services de l’Etat». En attendant d’obtenir ce soutien, Promosport espère contrecarrer la concurrence qu’elle juge déloyale, en nouant un partenariat avec une multinationale de paris sportifs.

D’après Zeramdini, la lutte contre «les paris illégaux et marginaux» repose sur deux axes ; le premier, «légal et judiciaire qui est lent et qui doit respecter tout l’arsenal juridique et formaliste» de ce processus, et l’autre, «commercial avec un rythme accéléré qui exige la mise en place de nouveau système de jeux fondé sur le digital, chose qui est hautement recommandée par la nouvelle génération des parieurs très exigeante quant à l’utilisation du net et du digital dans sa vie quotidienne».

En fait, le contrat de concession «sera une opportunité pour la société Promosport pour combattre les circuits illégaux en assurant la disponibilité des jeux demandés par nos clients».

Trois sociétés européennes ont répondu à un appel à manifestations d’intérêt lancé en décembre 2019 «pour l’octroi d’une concession de financement, de mise en place, d’exploitation, d’entretien et de maintenance d’une solution multicanaux de pari à côtes, de jeux de grattage instantanés, de jeux de loto et tirage et de jeux numériques». Les trois candidats sont supposés avoir soumissionné le 6 janvier 2020 au plus tard, à la suite d’un «dialogue compétitif».

L’heureux concessionnaire qui, selon le patron de Promosport, devrait être connu avant la fin de l’année, sera lié à cette société par un contrat d’exploitation et de mise en œuvre d’une solution clé en mains des paris et jeux, conformément auquel il prendra toutes les charges et les risques d’exploitation, et aura une part des entrées financières selon des dispositions contractuelles convenues à l’avance.

Voir suite: Paris sportifs : La Société tunisienne des jeux en mauvaise posture

Moncef Mahroug