“Un enfant né aujourd’hui dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) n’atteindra à l’âge adulte que 57% des capacités productives qu’il ou elle aurait pu accumuler en ayant bénéficié d’une éducation complète et d’une parfaite santé “, avertit, jeudi 17 septembre 2020, la Banque mondiale (BM).
Selon un rapport consacré à l’indice du capital humain 2020, dans lequel la Tunisie a maintenu le même indice (0,52), la BM précise que les performances des pays MENA en termes de capital humain sont très disparates en fonction du niveau de revenu et de l’exposition à la fragilité et au conflit.
“Les Etats les plus riches du Conseil de coopération du Golfe (CCG) affichent des valeurs supérieures (indice HCI situé entre 0,56 et 0,57), distançant les pays en situation de conflit, comme le Yémen (0,37) et l’Iraq (0,41)”, soulignent les auteurs du rapport.
L’indice de certains pays comme la Tunisie, la Jordanie et le Koweït n’a pas évolué alors que certains pays tels que les Emirats arabes unis, le Maroc et Oman ont amélioré leurs performances au cours des dix dernières années.
” Globalement, et à niveaux de revenu identiques, les pays MENA obtiennent de moins bons résultats sur le plan du capital humain que les pays d’autres régions “, indique le rapport.
En effet, l’indice 2020 calcule le niveau attendu de productivité des futurs travailleurs et propose un instantané des performances sur le plan du capital humain juste avant la survenue de la pandémie de coronavirus (Covid-19).
D’après la BM, cet indice établit une référence pour suivre l’évolution du capital humain et apporte des éléments concrets en appui à la définition de politiques de protection des populations et d’investissement dans leur avenir, pendant la pandémie et au-delà.
” Alors que la pandémie risque d’anéantir les fragiles progrès du développement humain, les pays MENA doivent se mobiliser davantage pour améliorer l’efficacité des investissements dans leurs populations “, invite Ferid Belhaj, vice-président de la BM pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Et “en plus d’aider tous ceux qui en ont besoin, pendant et après la pandémie, nous nous engageons à accompagner les pays MENA pour qu’ils puissent récupérer ces gains durement acquis, les consolider et les étendre”, ajoute-t-il
Selon le rapport, l’utilisation du capital humain existant reste problématique dans la région MENA, les pays ne parvenant pas à traduire les compétences et le potentiel productif de pans entiers de leur population en croissance économique.
La valeur moyenne du HCI pour la région MENA baisse de plus d’un tiers (de 0,57 à 0,32) lorsque l’indice prend en compte la part de la population d’âge actif effectivement employée.
A cause du faible taux de participation des femmes à la population active, en particulier parmi les diplômées de l’enseignement supérieur, les pays MENA, et notamment ceux du CCG, affichent le plus grand écart de taux d’utilisation hommes/femmes.
Le fort taux de chômage des jeunes explique la sous-utilisation du capital humain et les tensions sociales en de nombreux points de la région.
Dans certains pays, les écarts hommes-femmes restent importants. L’indice de capital humain pour les hommes (0,55) est plus faible que pour les femmes (0,59) au niveau régional et dans la plupart des pays MENA.