Depuis le soulèvement du 14 janvier 2011, des universitaires multidisciplinaires (sociologues, juristes, historiens, économistes et autres) contribuent, de manière significative, à l’enrichissement du contenu médiatique. Malheureusement, à défaut d’être adaptées aux exigences de la communication moderne, leurs contributions demeurent élitistes et accessibles seulement à leurs collègues. Ils peuvent atteindre un plus grand public pour peu que les journaux dans lesquels ils publient leurs textes les aident dans ce sens.
Abou SARRA
Au plan de la forme, les textes écrits par les universitaires sont le plus souvent articulés autour de trois parties : un titre, un texte compact et long -rappelant plus un chapitre de thèse de doctorat qu’un article de presse et bien évidemment-, la signature de l’auteur (généralement “un professeur émérite“).
Autrement dit, un titre qui permet à leurs bénéficiaires d’encadrer des thèses de doctorat et leur fait assumer une responsabilité plus grande dans la formation de jeunes doctorants. Ces derniers étant appelés à être à la page (de leur temps) et à communiquer au mieux leur savoir. D’où l’enjeu de sensibiliser leurs encadreurs à commencer eux-mêmes par savoir communiquer.
Des textes compacts et illisibles
Au plan du contenu, il faut être vraiment intéressé par le thème développé pour lire les textes. Il s’agit, le plus souvent, des textes compacts, truffés d’explications lassantes et fatigantes, de références historiques et philosophiques qui exigent du lecteur de recourir, chaque fois, à Wikipédia ou le Dictionnaire pour les comprendre.
Pour un lecteur pressé, formaté à l’école des réseaux sociaux, du teasing et des messages codés (Facebook, Tweeter…), ces textes sont tout simplement boudés, abstraction faite de leur excellente qualité cognitive et académique.
Pourtant, pour les rendre lisibles par le grand public, il suffit peu de choses.
D’abord, les journaux et sites électroniques qui acceptent de publier les contributions d’universitaires sont, en principe, tenus de faciliter la lecture de ces textes. Ils disposent de secrétaires de rédaction dont la mission est justement de tout faire pour que les articles soient lus et à la portée du lecteur.
Ensuite, c’est au tour des universitaire-auteurs de ces articles, “éleveurs“ de connaissance de faire l’effort. Ces derniers peuvent s’initier en l’espace de quelques minutes aux techniques rédactionnelles journalistiques à même d’aérer leurs textes et d’en faciliter la lecture.
L’art de rendre un texte lisible
Ces mêmes techniques qui sont consignées sur le Net sont très simples. Selon les grandes écoles de journalisme dans le monde, un article de presse c’est 75% des micro-contenus et 25% de macro-contenu.
Les micro-contenus sont dans l’ordre un surtitre, un titre, un teaser voire un paragraphe d’introduction qui “coiffe” un article. C’est ce qu’on appelle dans le métier le chapeau. Son rôle est d’accrocher le lecteur et de fournir un maximum d’information en un minimum de termes. Plus simplement, il faut donner envie au lecteur de lire l’article.
Viennent ensuite les intertitres qui ont pour rôle d’aérer le texte et de le rythmer de façon à en rendre la lecture moins fastidieuse. En théorie, il devrait suffire de lire chapeau et intertitres pour connaître les informations essentielles d’un article.
Quant au macro-contenu, pour être crédible, il s’agit en général de mettre l’accent sur des témoignages, sur des chiffres fiables. L’article doit apporter au lecteur des informations précises, des détails concrets qu’il tient de sources facilement vérifiables.
In fine, si nous avons rappelé ces notions élémentaires, c’est pour encourager les universitaires à continuer à écrire et à nous faire profiter de leur précieux savoir, mais également pour rappeler que, depuis le 14 janvier 2011, certains sites ont oublié les règles élémentaires de la presse écrite et particulièrement les cinq/six questions de référence : Qui, quand, comment, où, quoi, pourquoi. Il suffit de jeter un regard sur la littérature diffusée par ces journaux pour s’en rendre compte.