Les Editions Sotumedias viennent de publier quatre livres du doctorant et ancien ministre des affaires culturelles Mohamed Zinelabidine et ce, dans la collection “Hypothésis” :
– L’Impensé Politique : Préface Eliane Chiron (176 pages – prix 20 DT)
– L’Impensé Sociologique : Préface Francoise Brunel (256 pages – prix 25 DT)
– L’Impensé Poïétique : Préface Francois DE Bernard (168 pages – prix 20 DT)
– L’imbroglio des Cultures : Préface Fathi Triki (344 pages – prix 30 DT)
L’imbroglio des cultures, Le malentendu historique C’est en essayant d’abonder dans cet esprit historien et humaniste commun des cultures, des civilisations et des religions entre Orient et Occident, et en cherchant à reconstruire un legs à repenser ensemble qu’on est souvent déçu par certains intellectuels ou politiques dont la volonté est toute autre.
Pourquoi donc un certain Occident intellectuel et politique s’obstine-t-il à refuser à l’Orient arabe et musulman, avec le règne de Hârûn al-Rachîd (785-809), son mérite d’avoir été le point de départ d’un développement intellectuel intense et immense dans le monde de la pensée aux IXè.-Xè.s., dans des pays de grandes civilisations antiques, en Syrie ou en Perse ? Il y a même lieu de trouver dans cette allégation une gravissime injure à l’esprit historien et aux nombreux mouvements de traduction scientifique antique grecque à Bagdad entre 750 et 950 et sa transmission à l’Occident latin entre 1100 et 1300, que la pensée, la culture arabes et musulmanes y soient ou pas.
A chaque ouverture vers des cultures d’horizon et d’esprit différents, il y a un enrichissement qui permet à l’humanité de se redéployer, se réécrire, se redévelopper, au-delà des réticences sectaires religieuses, politiques et idéologiques à l’encontre.
C’est par cet esprit philosophique, et plus largement scientifique, gréco-arabe et autres confluences que les savoirs, connaissances et arts ont repris à leur compte les idées antiques pour se les approprier d’abord, et en faire, ensuite, une interprétation, un prolongement d’une rare vivacité intellectuelle et créative.
La pensée grecque antique, et pas seulement, reprise, traduite, commentée et réintroduite à l’aune du IXè.s., non sans l’imprimer de l’intelligence des nouveaux érudits, philosophes qui allaient devenir à leur tour les références incontournables de la renaissance et des siècles qui ont suivi.
Ce devoir de mémoire et d’autorité des pensées et des idées, entre langues et cultures diverses, est ce que nous l’avons suffisamment soutenu, encouragé, maintenu et défendu, à travers le temps ? Pas assez. C’est ce qui nous revient d’interroger et de situer aujourd’hui pour y remédier sous l’éclairage des lettres et des arts de l’époque.
L’impensé Poïétique, L’Esprit du destin”L’Esprit du destin” engage l’auteur en tant qu’artiste, par différentes écritures poétiques, picturales, sonores aux chemins douteux des rencontres insolites, aux temporalités anachroniques, à la recherche d’un ” Impensé poïétique ” où il échappe et fuit le convenu, l’établi, la hiérarchie, le prévisible pour se remettre à ce qu’on redoute qu’il advienne, comme évidence de l’étance de l’art et de la pensée.
Une œuvre ou un ouvrage – c’est selon – à la conduite créatrice libérée du conformisme, à la démarche non-conventionnelle pour ne pas dire incertaine, au gré des puristes.
Une manière de récuser, comme le fait Paul Valéry, la fonction esthétique voulant que l’œuvre d’art soit déterminée par ce que Genette appelait sa finalité principale et qui serait comme tout moyen au service de sa fin… un départ vers l’aventure.
Une aventure poétique, sonore, visuelle et scripturale qui se livre à elle-même, à l’implexe et à l’arbitraire du blanc de la page, le blanc de la partition, le blanc métaphorique d’un esprit qui va au hasard de sa voie.
Cécile Cloutier, poète, présente la poïétique comme ” faisane de l’œuvre d’art “. L’impensé politique, pour une Nouvelle Herméneutique de l’Anthropologie Sociale et Culturelle du XXè.s Dans ce livre, l’auteur tente le trivium de ” L’Impensé “, de ” L’Hypothésis ” et de ” L’Epître ” comme démarche d’un esprit pluriel.
Quant à l’hypothésis de cet ouvrage, ce serait comme il indique une idée peu abordée dans l’analyse et le raisonnement géopolitiques.
La puissance de la culture en tant qu’émanation d’une nouvelle anthropologie du social et du politique du XXè.s.
Il ordonne cela entre parenthèses et hypothèse (hypothésis en latin emprunté au grec hupothesis) pour vérifier le lien émotionnel à la communion esthétique comme lieu de transversalité et de récurrence entre opposition et glissement culturels, au miroir du rapport politique des mondes musulman et occidental.
Cet ” Impensé “, ou pure impression, imperceptible et impensable, sans être absurde, comme moment de la perception, selon Maurice Merleau-Ponty.
Une certaine manière à l’impenseur que je suis d’être confronté, heurté à l’inadmissible, à l’impensable, selon André Gide. Une autre manière d’aller croiser Santiago Espinosa, entre impensé, être et paraître pour intégrer l’irrationnel et le non-philosophique au profit d’un “Raisonner” autre et autrement de la géopolitique. Alors que l’approche idéologique tend vers le choc et l’affront des deux mondes, autant valoir l’impératif d’une nouvelle herméneutique compréhensive, en dehors des logiques de la domination, d’une part, et de la rébellion, de l’autre…”
L’Impensé Sociologique, De L’Esprit du Droit Dans la Réforme du Statut de la Femme en Tunisie au XXè.s.
L’Hypothésis dont il est essentiel de débattre est autour de l’ambivalence d’une attitude, celle du Président Habib Bourguiba pourtant instigateur et promoteur du Code du Statut Personnel de la Tunisie indépendante en 1956, prônant l’égalité des droits entre Femme et Homme.
Pourquoi alors a-t-il été en 1929 peu favorable à cette même cause féminine lors d’une conférence sur ” L’évolution de la femme” donnée par Habiba Menchari ? Quelles sont les raisons sociales, culturelles et religieuses d’une telle prise de position réfractaire dont il étale l’argument dans le journal nationaliste ” L’Etendart tunisien” du 11/1/1929 ? L’Impensé sociologique, comment y installer donc une vision dynamique ? L’émancipation de la femme en Tunisie a été d’abord une revendication culturelle avant qu’elle n’épouse plus tard l’esprit du droit, la légitimité de la loi au-delà de l’histoire des coutumes et faits religieux y afférents. Ou serait-elle devenue, par la force des choses, une adéquation des deux dans un esprit de synthèse et de réconciliation entre legs d’antan et réforme nécessaire des mentalités et des us d’une société tunisienne en mutation ? Entre culture et rupture, cet ouvrage essaie de nuancer textes et contextes d’une telle conjecture au sceau vérifiable d’un questionnement pour lequel l’auteur a choisi de traiter de l’Impensé sociologique et de l’esprit du droit dans la réforme du statut de la Femme en Tunisie au XXè.s.
Ministre des affaires culturelles de 2016 à 2020, Mohamed Zinelabidine est titulaire de trois doctorats, en Esthétique et Sciences de l’art, Paris I-Panthéon Sorbonne/ en Sociologie, René Descartes- Sorbonne Paris V/ en Musicologie, Sorbonne Paris IV/ H.D.R. de l’Université Paris 8.
Professeur des Universités depuis 2006, Président du Laboratoire de recherche CUNTIC(2005-2020) à l’Université de Tunis, Directeur de recherche, Président et Rapporteur des jurys de thèses aux Universités de la Sorbonne (depuis 1998) et Université Paris 8. Artiste-musicien, il a obtenu plusieurs distinctions notamment la ” Médaille d’Argent du Président de la République Italienne 2001 “, “Personnalité culturelle de la Méditerranée 2001” Association Ondes Méditerranéennes, Italie, “Personnalité culturelle de la Méditerranée 2009” Institut Italie/Tunisie pour le Développement de la Culture, Rome, “Prix Méditerranéen de la Culture 2018″ Fondation de la Méditerranée, Naples, ” Grand Cordon de l’Ordre National du Mérite Culturel, remis par le Président de la République Tunisienne ” 2019.