Contrairement à d’autres pays, la pandémie de Covid-19 continue de ralentir en Afrique subsaharienne, avec une baisse légère de 2% des nouveaux cas et «une diminution plus soutenue des décès», selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Autant dire que l’énigme se poursuit en Afrique, car on assiste à des augmentations fulgurantes du nombre de cas positifs et de décès.
D’ailleurs, la directrice du Bureau régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, n’a pas manqué de le relever sur Twitter : «Dans l’ensemble, je me félicite de la réaction des pays africains. Nous progressons grâce aux efforts concertés des gouvernements, des communautés et des partenaires».
En effet, la branche africaine de l’OMS note dans son dernier bulletin épidémiologique que près d’une cinquantaine de pays ont signalé une diminution de l’incidence des cas au cours de la semaine écoulée. Une situation qui confirme des tendances constatées depuis deux mois. Au cours de cette période, le nombre de décès quotidiens le plus faible a été enregistré le 20 septembre 2020, depuis le 23 mai 2020, dates auxquelles 10 et 31 décès avaient été respectivement signalés en Afrique du Sud et dans la région.
Selon le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, près d’une trentaine de pays africains ont enregistré une diminution des nouveaux cas, dont au moins six ont enregistré une baisse de plus de 50%. Il s’agit de Sao Tomé-et-Principe (89%), de l’Île Maurice (75%), du Botswana (69%), des Seychelles (67%), du Lesotho (61%) et du Sénégal (55%). Dans le même temps, une quinzaine de pays ont fait état d’une forte augmentation du nombre de cas dont le Niger (350%), le Soudan du Sud (80%), la République du Congo (65%), le Tchad (62%) et le Mali (55%).
De façon générale, il s’agit d’une hausse du nombre de nouveaux cas sur la même période en Afrique centrale et en Afrique du Nord (en grande partie à cause des nouveaux cas au Maroc, en Libye et en Tunisie).
Plus de 1,4 million de cas de Covid-19 dont 34 269 décès
Au total, le continent africain recense maintenant plus de 1,4 million de cas de Covid-19 dont 34.269 décès (taux de létalité de 2,4%) et 1.166.173 personnes guéries.
Les chiffres actuels dans la région représentent 3,7% des cas confirmés de Covid-19 et 2,6% des décès signalés dans le monde.
L’Afrique du Sud reste le pays le plus touché du continent africain et se classe au huitième rang mondial, bien que le nombre de décès y soit relativement faible. Ce pays et l’Éthiopie, qui supportent la plus grande charge de morbidité dans la région, ont tout de même enregistré respectivement une hausse de 6% et 5% du nombre de cas. Dans le même temps, l’Afrique du Sud a enregistré une diminution de 14% des décès, tandis que l’Éthiopie a connu une augmentation de 7%.
Deux pays – l’Érythrée et les Seychelles – n’ont enregistré aucun décès lié à la Covid-19 depuis le début de la pandémie. Six pays signalent encore moins de 1 000 cas : Sao Tomé-et-Principe (908), le Burundi (476), les Comores (470), Île Maurice (367), l’Érythrée (364) et les Seychelles (139).
Par ailleurs, 764 nouveaux décès liés au nouveau coronavirus sont survenus la semaine dernière dans 27 pays, dont 477 en Afrique du Sud et 92 en Éthiopie.
Depuis le début de l’épidémie dans la région, la majorité des décès a été signalée en Afrique du Sud, qui recense près de la moitié des victimes sur le continent (16 118). Les autres pays qui enregistrent un nombre important de décès sont l’Egypte (5 787), l’Algérie (1 689), le Maroc (1 855) et l’Éthiopie (1 127 décès).
« Bien que des cas ne soient pas répertoriés, cela n’affecte pas les décès attribués à la Covid-19 dans la région. Nous ne voyons pas de preuves de surmortalité due à la Covid-19 ou de décès manquants », a tweeté jeudi Dr Moeti.
« Plus de 80% des cas dans les pays africains sont asymptomatiques »
Globalement, Dr Moeti justifie cette tendance à la baisse par les interventions précoces mises en place par différents pays, qui ont donc contribué à contenir le virus. «A partir de mars, les gouvernements ont rapidement mis en place des restrictions de mouvement et de rassemblement, ce qui a créé une opportunité de maintenir un faible nombre de cas et de renforcer les capacités de santé publique».
Divers modes de transmission ont été observés dans la région, avec une transmission communautaire établie dans 35 (74%) pays, neuf (19%) pays ayant des groupes de cas et trois (6%) des cas sporadiques. «À l’avenir, les pays devraient continuer à renforcer les données et les informations, en mettant en œuvre les principaux outils de santé publique que sont la surveillance, le dépistage, l’isolement et la recherche des contacts», explique Dr Moeti.
Alors que des experts avancent la possibilité que cette tendance à la baisse soit consolidée à travers le continent, Dr Moeti a appelé à la prudence dans cette lutte contre le nouveau coronavirus. « Des études sont actuellement en cours pour vérifier si les communautés ont des anticorps pour la Covid-19, ce qui signifie que des personnes ont été infectées, mais pas détectées », a-t-elle avancé, relevant que « certains résultats préliminaires suggèrent un nombre d’infections plus élevé que celui qui a été signalé ».
Plus largement, l’analyse préliminaire de l’OMS suggère que « plus de 80% des cas dans les pays africains sont asymptomatiques. Et ceci est renforcé par le fait que dans la plupart des communautés, les établissements de santé n’ont pas été submergés par des cas graves de Covid-19 », a fait remarquer Dr Moeti.
Dans tous les cas, «l’interprétation de la situation » de la pandémie sur le continent africain est « complexe ». « Elle nécessite une combinaison de mesures et d’outils », a-t-elle détaillé, relevant qu’avant même que les premiers cas ne soient signalés en février dernier en Afrique, l’OMS a travaillé avec les gouvernements pour renforcer la préparation et les capacités de réponse à l’épidémie.