Dans son sur le commerce et le développement 2020, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) estime que les gouvernements feraient une erreur en recourant à l’austérité budgétaire pour opérer une reprise économique équitable et résiliente après la Covid-19. Au contraire, elle recommande des dépenses publiques audacieuses et des mesures multilatérales beaucoup plus ambitieuses. Car, selon la CNUCED, « seules des dépenses publiques audacieuses permettront de surmonter la crise de la Covid-19 ».
Elle prévient les gouvernements « contre les fausses bonnes idées et leur trace la voie à suivre pour une reprise économique équitable et résiliente après le coronavirus ».
A l’occasion de la publication du rapport de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, secrétaire général de l’agence, assure qu’«un assainissement budgétaire approprié nécessite avant tout une forte reprise économique et les gouvernements doivent être aux avant-postes».
L’organisme onusien met aujourd’hui en garde contre stratégie, parce que « ce principe n’a pas prévalu dans la réponse à la crise financière mondiale de 2008, lorsque de faux parallèles entre les budgets des gouvernements et ceux des ménages ont conduit de nombreuses économies à opter pour l’austérité ».
Le rapport de la CNUCED va plus loin pour souligner que « l’idée d’une “austérité expansionniste“ a été un échec, laissant une situation budgétaire fragile à la veille du choc de la Covid-19 ». De ce fait et pour éviter de refaire la même erreur, la CNUCED juge que «des mesures multilatérales beaucoup plus ambitieuses seront nécessaires si l’on veut transformer une crise globale en une reprise mondiale».
Dans ce cadre, elle propose un plan en 4 points : étendre l’utilisation des DTS, le soutien financier, encore et toujours, une agence pour le rating du crédit public et une Autorité de la dette mondiale.
Le premier point “étendre l’utilisation des DTS“ vise à soutenir les stratégies nationales de développement dans les pays en développement (PED) grâce à un système de réserves véritablement régi au niveau international.
Pour la CNUCED, « au minimum, les marges d’action budgétaire des pays en développement devraient être soutenues par l’équivalent de 1 000 milliards de dollars de DTS pour répondre aux contraintes actuelles de liquidités ».
“Le soutien financier, encore et toujours“, il vise à renforcer la réponse à l’urgence sanitaire liée à la Covid-19 dans les PED, et ce par le biais d’«un Plan Marshall pour la relance des secteurs de la santé, financé par des engagements accrus en matière d’aide publique au développement (APD), une réforme fiscale internationale et des mécanismes de financement multilatéraux accrus ».
Les auteurs du rapport de la CNUCED notent que « toutes ces mesures doivent être prises sur une échelle permettant de renforcer la résilience et de stimuler la relance économique ».
Comme troisième point, la CNUCED plaide pour la création d’“une agence internationale de notation du crédit public chargée de fournir des notations objectives, fondées sur l’avis d’experts, de la solvabilité des États et des entreprises, y compris des pays en développement, et de promouvoir les biens publics mondiaux ». Cela contribuerait aussi à promouvoir la concurrence sur un marché privé très concentré.
Quant au 4ème point du plan proposé par la CNUCED, il concerne l’instauration d’une “Autorité de la dette mondiale pour empêcher que des crises de liquidité répétées ne se transforment en défauts souverains en série“.
Pour la CNUCED, cette instance devrait assurer « un recueil de la mémoire institutionnelle sur les restructurations de la dette souveraine ». En outre, « elle superviserait la création d’un registre mondial public des données relatives aux prêts et à la dette concernant les restructurations de la dette souveraine ».
Toujours selon la CNUCED, cette ladite instance aurait pour mission d’«élaborer un projet de cadre juridique et institutionnel international complet et transparent pour régir les suspensions temporaires automatiques des remboursements de la dette souveraine en temps de crise».
Il reste maintenant à savoir si les Etats qui dominent l’économie mondiale sont de cet avis.