Un dialogue national sur “les politiques économiques” s’est tenu, mardi 29 septembre à Tunis, se proposant de fournir d’alternatives dans le but de promouvoir les services publics, notamment en matière de santé et d’éducation. Cet objectif peut être atteint à travers la restauration du rôle de l’Etat en tant qu’acteur politique et socio-économique à même de garantir les droits des catégories vulnérables.
Les participants à ce dialogue national organisé par l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), sur le thème “Pour une autre Tunisie possible”, avec la participation de représentants d’organisations nationales et de la société civile, ont appelé à la nécessité d’investir dans l’éducation publique.
La présidente de l’ATFD, Yosra Fraoues, a indiqué que “l’objectif de cet événement consiste à ramener les questions économiques et sociales en Tunisie à l’ordre du jour, 10 ans depuis la révolution tunisienne”, rapporte la TAP.
Elle estime que la Tunisie a réalisé, au cours des dis dernières années, une importante réforme politique, mais l’Etat a négligé les droits économiques et sociaux de ses citoyens.
“L’engagement de l’Etat à prendre en charge ses véritables obligations au niveau des secteurs vitaux, tels que la santé, l’éducation et le logement social, s’est atténué, alourdissant la charge fiscale au détriment du citoyen, et incapable de lui fournir l’emploi, une des principales revendications de la révolution tunisienne”, a-t-elle rappelé.
Dans ce sens, Fraoues appelle à élaborer un nouveau modèle de développement décennal sur la base d’une approche participative et citoyenne, qui consacre l’échange des points de vue et des expériences, et faisant recours à l’intelligence des compétences tunisiennes, afin de trouver d’autres alternatives de développement.
Pour sa part, le chercheur en sciences économiques, Mustapha Jouili souligne que malgré l’accroissement des fonds alloués au développement dans le budget de l’Etat, au fil des années, le rythme de la création des postes d’emploi n’a pas suivi, qualifiant l’investissement dans le développement d'”investissement parasite” n’étant pas basé sur la qualité, ni sur la recherche de solutions efficaces au problème du chômage.
Il a évoqué le manque d’employés dans certains établissements publics, ainsi que l’existence de nombreux postes vacants aux ministères de l’Education et de la Santé, réfutant ce qui est véhiculé par les pouvoirs publics concernant la masse croissante des salaires et le grand nombre d’employés dans la fonction publique en comparaison à d’autres pays.
De son côté, le président de l’Institut arabe des droits de l’Homme, Abdelbasset Ben Hassan, estime que “l’édification d’une autre Tunisie passe en premier lieu par l’instauration d’une éducation publique, selon une vision globale et citoyenne”, appelant à s’abstenir de réduire le budget du ministère de l’Education et à élaborer un plan de sauvetage du secteur de l’éducation publique.
Pour sa part, le président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Abderahmane Hdhili, évoque la problématique de l’abandon scolaire qui concerne 100 000 décrocheurs par an, par l’effet de la détérioration de la situation socio-économique.
La plupart d’entre eux, a-t-il précisé, sont issus de quartiers populaires et des régions de l’intérieur, certains optant pour la migration irrégulière…
Il critique “le laxisme des gouvernements successifs depuis 2011 dans le traitement du dossier social”, relevant à ce propos “la rupture alarmante qui existe entre la classe politique et les citoyens des classes vulnérables”.