Développer la petite agriculture requiert d’abord une reconnaissance et une institutionnalisation de cette activité et une adaptation des politiques agricoles à ses spécificités. C’est ce que souligne une étude sur les petites exploitations agricoles en Tunisie que vient de réaliser le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Le développement de cette activité nécessite également une adoption du travail collaboratif comme principe fondamental de renforcement des petits agriculteurs, la création de marchés spécifiques à cette agriculture et une reconnaissance du rôle des femmes, assure l’étude.
Reconnaître et institutionnaliser la petite agriculture
Reconnaître la petite agriculture revient à élaborer une vision et une stratégie claires pour la petite agriculture et à améliorer la reconnaissance juridique des petits exploitants agricoles, estime le FTDES, qui recommande, par ailleurs, de créer un dispositif institutionnel spécifique à la petite agriculture, par exemple à travers une direction générale au sein du ministère de l’Agriculture, tout en assurant un ancrage régional de cette initiative.
Adapter les politiques agricoles aux spécificités de la petite agriculture
Pour ce faire, l’étude souligne la nécessité d’améliorer l’accès au financement aux petits exploitants agricoles, en envisageant une diminution de la part de l’autofinancement pour les crédits d’investissement, un assouplissement des garanties nécessaires, l’adoption de conditions de crédits favorables aux petits exploitants, un ciblage direct des petits exploitants par des subventions directes notamment pour le financement de budgets en début de saison, pour le financement des achats (semences, intrants, etc.) et une augmentation des taux de primes en faveur des petits exploitants sur les investissements en équipement.
L’adaptation des politiques agricoles à la petite agriculture requiert, par ailleurs, la simplification des procédures administratives, la mise en place de mécanismes permettant de favoriser la transmission intergénérationnelle (aides à l’installation et à la modernisation, prêts bonifiés) et l’amélioration de la formation et de l’encadrement technique des petits exploitants agricoles.
Ceci passe selon le Forum, par une nouvelle vision du rôle de la coopérative comme une structure complémentaire à l’Etat et au secteur privé, visant la promotion de l’initiative collective, la création de la richesse et l’atteinte du confort économique et social.
Cela passe aussi par le développement des organisations des petits producteurs agricoles et l’encouragement des formes de mutualisation des ressources.
Créer des marchés adaptés à la petite agriculture
Le FTDES a appelé à ce titre à privilégier les petites exploitations agricoles dans les marchés publics (cantines scolaires, restaurants collectifs publics …) et en mettant en place des cahiers des charges favorables aux produits des petits producteurs. Il propose aussi, de promouvoir l’agriculture contractuelle qui favorise la mise en relation des petits exploitants avec les acheteurs, en mettant en place les instruments de réglementation nécessaires pour équilibrer le rapport des forces entre les deux parties.
Il préconise également, de développer les circuits courts -chaînes d’approvisionnement qui réduisent les intermédiaires entre producteurs et consommateurs et entraînent une meilleure rémunération des agriculteurs avec une mise sur le marché de produits locaux de meilleure qualité-et d’inciter les petits agriculteurs à s’orienter vers des produits à plus forte valeur ajoutée, dont les produits biologiques.
Reconnaître le rôle des femmes dans la petite agriculture
Le FTDES estime nécessaire d’autonomiser les femmes en leur donnant la possibilité d’être chef d’exploitation, afin de conforter leur statut et leur influence au sein des ménages et des communautés et d’améliorer leur productivité et leur niveau de vie.
Il a, en outre, souligné l’importance d’encourager la formation des coopératives féminines par la mise en place d’incitations spécifiques en plus d’une discrimination positive en leur faveur.
Il importe de noter que l’étude du FTDES fait partie du projet ” Réduire les inégalités dans la chaîne de valeur huile d’olive ” mis en œuvre par OXFAM en partenariat avec l’ATFD, l’AFTURD, l’UGTT et le FTDES.
Le projet a pour objectif de contribuer à réduire la vulnérabilité économique des femmes travailleuses et des petits exploitants agricoles, en adressant comme priorité politique le besoin d’organiser le travail saisonnier en respect des standards du travail décent, surtout en matière de protection sociale et de non-discrimination.