Des événements culturels reportées, des institutions aux portes closes, des pratiques artistiques interrompues, tel est de nouveau le scénario de l’impact de l’évolution rapide de la pandémie du covid-19 sur le secteur de la culture notamment en Tunisie.
A la suite des dernières mesures annoncées samedi 3 octobre 2020 par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, dont notamment l’interdiction de tout rassemblement festif et manifestations culturelles ainsi que la fermeture des salles de cinéma et de théâtre, plusieurs créateurs et artistes se sont mobilisés sur les réseaux sociaux, lançant un appel de détresse contre ces mesures “d’inégalité”.
N’ayant touché que le secteur de la culture, ces mesures, de l’avis de la majorité ayant assisté ce lundi 5 octobre à un sit-in à la Cité de la culture, ne font qu’affecter le droit fondamental d’accès à la culture ainsi que les droits sociaux des artistes et professionnels culturels qui ont été déjà lourdement touchés depuis la première phase de la pandémie, de l’impact du coronavirus ayant largement fragilisé le secteur de l’art et de la culture.
A cet effet, le syndicat national indépendant des professionnels des arts dramatiques a, dans un communiqué, publié hier dimanche fait part de son indignation des mesures prises par le chef du gouvernement Hichem Mechichi samedi 3 octobre 2020 en vue de faire face à la propagation du coronavirus.
Le syndicat a déploré ces mesures qu’il a qualifié d'”unilatérales” puisqu’aucune concertation n’a été engagée avec les parties concernées du secteur. Des décisions a-t-il précisé qui menacent le secteur et touche les conditions socio-économiques des artistes qui souffrent jusqu’à présent des répercussions du confinement général instauré lors du précédent gouvernement, (celui d’Elyes Fakhfakh).
Certains artistes et créateurs n’ont pas encore bénéficié des indemnités du Fonds de relance de la culture créé à cet effet par le ministère des affaires culturelles (indemnités pour les hommes de théâtre et les techniciens, les sociétés de production et les espaces culturels).
Dans une déclaration à l’agence TAP, Jamel Aroui, secrétaire général du syndicat indépendant des professionnels des arts dramatiques, a estimé que cette décision est une “mesure purement sélective” surtout que les espaces culturels, les théâtres et les salles de cinéma sont les espaces les plus respectueux du protocole sanitaire (port du masque obligatoire, usage du gel désinfectant et distanciation physique en laissant des chaises vides entre les spectateurs avec une capacité d’accueil réduite à moitié), autant de règles qui ne sont pas respectées dans d’autres lieux publics ou privés dont le gouvernement n’a pas pris de mesure de fermeture à leur encontre (cafés, restaurants, bistrots, clubs de nuits, mosquées).
Il a par ailleurs indiqué que le fait de prendre de telles décisions sans mesures d’accompagnement (indemnités… ) est un acte qui porte atteinte à l’artiste et minimise le rôle de l’homme de la culture et du créateur dans le payst.
Mettant l’accent sur l’ampleur de cette nouvelle crise sanitaire sur le secteur culturel, le syndicat a appelé à réviser cette mesure “abusive”, à réfléchir en vue de trouver des solutions pratiques pour lutter contre la propagation du covid-19 et à prendre des mesures sociales qui garantissent le droit de l’artiste et du créateur à une vie digne.
Le syndicat a appelé l’ensemble des artistes et structures syndicales à organiser un sit-in au théâtre de l’opéra ce lundi à la Cité de la culture Chedli Klibi pour revendiquer leur droit à la dignité et à la préservation de leurs sources de vie appelant l’ensemble de ses structures régionales et locales à se préparer à des mouvements de militantisme pour garantir leurs droits sociaux économiques.