Le blocage des réformes atténue l’effet de la coopération et des partenariats internationaux de la Tunisie, privant ainsi le pays d’un véritable appui en matière de développement économique et social. C’est le constat qui s’est dégagé d’un webinaire sur les “Perspectives de développement économique durable et l’appui de la coopération italienne en Tunisie”, organisé mardi 6 octobre par l’Agence italienne pour la coopération au développement.

Le représentant-résident de la Banque mondiale en Tunisie, Tony Verheijen, a souligné l’importance de l’appui accordé par l’institution de Bretton Woods à la Tunisie dans le cadre de sa transition économique.

Un appui qui reste mal exploité, vu le nombre important de projets qui ne sont pas mis en œuvre. “Et c’est bien le cas avec d’autres bailleurs de fonds “, regrette-t-il.

Selon lui, les principales barrières à la mise en œuvre de ces projets sont “l’absence de motivation des fonctionnaires qui les pilotent, d’où la nécessité de changer de modèle de mise en œuvre des projets par un modèle qui récompense mieux les efforts fournis dans ce sens, la lourdeur des procédures de passation des marchés et du système de contrôle financier qui doivent être allégés”.

Verheijen estime aussi la nécessité d’adopter, dans le cadre des partenariats internationaux, une approche intégrée qui permet de faire face aux inégalités croissantes entre les régions et de désenclaver ces dernières, tout en leur accordant toutes les chances d’être développées.

On a beau entreprendre des projets d’autoroutes liant certaines régions aux grandes villes, ces autoroutes n’ont fait qu’appauvrir davantage ces régions dépourvues de toute capacité d’attirer des investisseurs ou même de maintenir leurs populations. De fait, le mouvement sur ces autoroutes est unidirectionnel de ces régions vers les grandes villes, à l’instar de l’autoroute Tunis-Jendouba, explique le représentant de la BM.

Pour sa part, le président de la CONECT, Tarek Cherif, a mis l’accent sur la nécessité d’appliquer les réformes pour pouvoir optimiser l’impact de la coopération internationale.

Il appelle, de ce fait, à repenser l’autorité locale en la dotant des outils nécessaires pour améliorer son efficacité. ” On a multiplié le nombre des municipalités, mais sans prêter la moindre attention à la qualité des ressources humaines dans ces municipalités, ni aux mécanismes d’interaction qu’elles ont avec leur l’environnement. Cela donne au final des conseils municipaux incapables de réaliser la moindre avancée “.

Il considère en outre important d’aller plus loin sur la voie de la décentralisation, en repensant le rôle des régions, les financements et la fiscalité régionaux et locaux, tout en améliorant la qualité de vie dans les régions. Il avance l’idée ” d’installer des grandes écoles dans les régions dans le cadre de la coopération internationale pour améliorer la qualité des ressources humaines et d’attirer les investisseurs “.

Il plaide aussi pour la création de ports secs à même de favoriser la dynamique d’investissement dans les régions intérieures.

Quant au représentant-résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Tunisie, Steve Utterwulghe, il a mis l’accent sur l’impératif d’améliorer la qualité, la fiabilité et la transparence des données statistiques qui doivent servir d’outils pour mieux orienter la coopération internationale et mieux concevoir les programmes de développement.

Réagissant à leurs propos, le directeur de la Coopération bilatérale, Mohamed Fadhel Hassayoun, a souligné que les autorités tunisiennes réfléchissent à un nouveau modèle de développement qui permettrait d’exploiter les potentialités jusque-là non exploitées et de favoriser une transition du concept de “l’Etat providence” vers un “partage des rôles entre Etat, secteur privé, société civile et coopération internationale”.