Les quatorze cessions réalisées en huit ans l’ont été par dix cabinets, banque d’affaires et consortiums.
Vendre le maximum d’entreprises confisquées, le plus rapidement possible et avec la recette la plus élevée qui soit. Telle est l’objectif prioritaire que se sont attelés à atteindre les gouvernements successifs depuis celui de la Troïka issu des élections du 23 octobre 2011.
Le bilan, il faut l’avouer, est plutôt maigre, même s’il tend à s’améliorer au fils des ans –notamment depuis la nomination en février 2017 de Adel Grar au poste de directeur général d’Al Karama Holding.
En effet, sur les quelque 400 entreprises confisquées après le 14 janvier 2011 et dont une infime partie a été confiée à Al Karama Holding, seules quatorze ont pu être vendues à ce jour. Sur ce nouveau marché, huit banques d’affaires et cabinets –d’experts comptables et d’avocats, en particulier- tiennent le haut du pavé. A cette exception près que le champion, en termes de recettes générées, est … l’Etat lui-même, directement ou indirectement à travers des organismes sous sa tutelle.
Le plus gros chèque qu’ils ont touché à ce jour suite à la cession d’une entreprise ou d’une participation confisquée, les pouvoirs publics le doivent à eux-mêmes. Et c’était en cédant à Qtel –pour 540 millions de dinars- 15 des 25% du capital de l’opérateur téléphonique Tunisiana confisqué après le 14 janvier 2011 à Sakher El Materi, le gendre de l’ancien président Ben Ali.
Dans cette opération, l’Etat avait évité la procédure de l’appel d’offres, et donc de devoir confier le dossier à une banque d’affaires, pour éviter de faire entrer au capital de Tunisiana un actionnaire qui ne conviendrait pas à l’opérateur qatari.
Ce n’est que près de six ans plus tard qu’une transaction de –presque- aussi grande ampleur, et dont la conduite a été confiée à un consortium … et qui a pu grâce à cette opération se classer en deuxième position du hit parade des meilleurs recettes de cession de sociétés confisquées. Il s’agit de la vente à la société à capitaux qataris Majda Tunisia –et pour 370 millions de dinars- de 69,15% de Banque Zitouna et 70% du capital de Zitouna Takaful.
La troisième plus grosse opération est à mettre à l’actif d’Al Karama Holding qui avait lui-même conduit la vente, en novembre 2012, de 60% d’Ennakl Automobiles à un consortium composé de Poulina Group Holding (PGH) et Parenin (groupe Amen Bank), pour 238 millions de dinars. D’ailleurs, le holding public n’a depuis pas renoncé à cette pratique puisqu’il a décidé début mars 2020 de conduire lui-même les deuxièmes tentatives pour la cession des participations de l’Etat dans Dar Assabah et radio Shems Fm, après l’échec des premières confiées respectivement aux cabinets Expertise, Finance et Conseil «EFC» (Salah Dhibi), Arab Financial Consultant «AFC» et Ferchiou & associés.
En quatrième position figure Axis Capital –du temps où il était dirigé par ses co-fondateurs Ahmed Benghazi et Férid Ben Brahim, avant d’être repris par le groupe marocain BMCE- suite à la vente de 66,70% de City Cars Kia au consortium Bouchamaoui-Chabchoub, le groupe Elloumi et le groupe Comet (famille Driss), pour 114 millions de dinars.
5ème le tandem Attijari Finances Tunisie/Attijari Finances Corp. qui a dépassé la barre des 167 millions de dinars, avec trois opérations/vente de 99,99% d’Alpha Hyundai Motor au consortium formé par TTS Financière (Karim Milad) – One Tech Holding (Moncef Sellami) – Stecom/Mohamed Sadok Driss contre un chèque de 136,7 millions de dinars, de la Société de Développement Agricole Zitouna I (consortium IFFCO/Cogia, 29 millions de dinars), et de la Société Tunisienne de Production Agricole Zitouna II (Société Yanabii El Kheyr, 1,7 million de dinars).
Mena Capital Partners (MCP) est sixième pour avoir orchestré en septembre 2013 la cession de 65,89% de Stafim Peugeot au groupe Khechine pour 166 millions de dinars.
Avec des recettes s’élevant à plus de 100 millions de dinars, fruit de trois opérations (Jet Multimedia Tunisie, Goulette Shipping Cruise et Ecole Internationale de Carthage), Capital African Partners (CAP) Bank est septième. Devant MAC SA qui a transformé l’essai de la vente de 100% du capital de Suzuki-Car Pro, pour 35,5 millions de dinars (8ème) et Smart Finance (9ème) ayant conduit la cession de la Société touristique Tunisie Golfe (STTG) à un groupe d’investisseurs conduits par Samir Jaieb, pour 31 millions de dinars.
Le consortium ECC Mazars-IEG Tunisia Corporate Advisory ferme la marche, très loin derrière, avec la cession en mars 2020 de la Méditerranéenne pour le Commerce, le Transport et la Consignation (MCTC) au groupe Sindbab pour 3,65 millions de dinars.
M.M.