L’économiste Ezzeddine Saidane publie, vendredi 9 octobre 2020, un post sur sa page Facebook, affirmant qu'”en Tunisie nous avons clairement mal géré la crise, du point de vue économique, financier et social. Nous avons donné la priorité à la maîtrise de l’inflation”.
Et de tirer les conclusions sur la gestion de la crise générée par la pandémie de la Covid-19, “la conséquence est que nous avons perdu des milliers d’entreprises étouffées par l’absence de liquidités.
Nous avons perdu des centaines de milliers d’emplois. Et nous avons étouffé notre économie. Tout cela pour maintenir ou faire baisser légèrement le taux d’inflation”.
“Depuis le mois d’avril, nous avions proposé de gérer la crise autrement. Nous avions appelé à baisser sensiblement, le taux directeur de la BCT et à injecter entre 15 et 20 milliards de liquidités supplémentaires dans l’économie, en rassurant les autorités monétaires que cette injection ne se traduirait pas par une hausse du taux d’inflation. Les analyses le montrent bien. Une telle injection aurait permis de mettre à la disposition du système bancaire et financier, des liquidités nouvelles de l’ordre de 7 à 8 milliards de dinars qui seraient utilisées pour financer les entreprises, au lieu de financer le déficit du budget de l’Etat”.
“Une telle injection aurait mis à la disposition du budget de l’Etat des liquidités supplémentaires de l’ordre de 7 à 8 milliards de dinars, qui auraient servi à sortir l’Etat de la situation embarrassante dans laquelle il se trouve actuellement, en payant ses fournisseurs privés (800 millions de dinars) et en payant les sommes dues par l’Etat envers ses entreprises publiques (6,2 milliards dinars).
Cette injection de liquidités proviendrait du rachat par la BCT de l’ensemble des bons de trésor détenus par les banques (entre 15 et 20 milliards de dinars). Cette dette de l’Etat serait transformée en dette à très long terme (30 à 40 ans) avec un délai de grâce de 10 ans par exemple”.
“Une telle injection serait accompagnée de deux mesures essentielles: la rationalisation des dépenses de l’Etat et la rationalisation des importations. Un tel programme serait de nature à relancer la machine de l’économie tunisienne totalement étouffée et grippée aujourd’hui”.
Il constate amèrement qu'”une telle idée dérange”, invitant la Banque Centrale de Tunisie à “se débarrasser de ce dérangement et à considérer sérieusement la manière avec laquelle les banques centrales et les gouvernements autour du monde ont géré la crise de la Covid-19.
J’invite notre Banque Centrale à rattraper le coup et à sauver ce qui reste de nos entreprise, de nos emplois et de notre économie. La Covid-19 va probablement rester avec nous, quelque temps encore. Ayons le courage de penser qu’à situation exceptionnelle, il faut des solutions exceptionnelles”.
Et de rappeler que face à la pandémie de la Covid-19, “plusieurs pays ont bien compris qu’il fallait baisser sensiblement les taux d’intérêt et qu’il fallait surtout injecter les liquidités nécessaires dans l’économie, afin d’éviter que la consommation ne baisse et que les entreprises et les emplois ne soient menacés, même si cela pourrait se traduire par un regain d’inflation. Mais l’expérience sur le terrain montre clairement, qu‘il n’y a pas eu de regain d’inflation”.