Al Karama Holding parviendra-t-il un jour à se «débarrasser» de Dar Assabah et Radio Shems FM, que ce bras de l’Etat chargé de gérer et de vendre les entreprises confisquées cherche depuis trois à céder ?
La messe est dite pour le plus ancien groupe de presse contrôlé jadis par la famille Cheikhrouhou -dont un seul membre, Raouf Cheikhrouhou, en détient encore 20% du capital- puis par Sakher El Materi, gendre de feu l’ancien président Ben Ali.
En effet, le 3 juillet 2020, Al Karama Holding a annoncé qu’«aucune manifestation d’intention d’achat n’a été reçue à la date limite de dépôt des offres relatives à la cession par négociation directe des participations publiques détenues dans le capital de la Société tunisienne de presse, d’impression, d’édition, de diffusion et de publicité, “DAR ASSABAH“».
Quid de Radio Shems FM ?
Pour Radio Shems FM, créée en 2010 par Nesrine Ben Ali, fille de feu Ben Ali et ex-épouse de Marouane Mabrouk, un espoir, si mince soit-il, demeure qu’un investisseur soit prêt à racheter 69,98% du capital de la Société Tunisia Broadcasting qui contrôle ce média.
Dans le même communiqué du 3 juillet dernier, Al Karama Holding avait indiqué que «suite à la demande de certains investisseurs potentiels, la date limite de dépôt des offres relatives à la cession par négociation directe des participations publiques détenues dans le capital de la Société TUNISIA BROADCASTING, radio SHEMS FM, a été reportée du 03/07/2020 au 13/07/2020 à 14H00». Trois mois se seront écoulés depuis sans que l’on sache si des offres ont été soumises et si l’une d’entre elles au moins est susceptible d’être retenue. On ne devrait pas tarder à le savoir.
Un casse-tête nommé Dar Assabah
Une chose est sûre toutefois : Adel Grar, directeur général d’Al Karama Holding, aura à résoudre au moins un casse-tête, celui de Dar Assabah qui, en trois ans -le premier appel d’offres a été lancé en septembre 2017- a fait l’objet de trois tentatives de cession qui ont toutes fait chou blanc.
Les sureffectifs, facteur de dissuasion des investisseurs
Après l’échec de la tentative de la cession par négociation directe du groupe de presse, un site web de la place avait laissé entendre qu’Al Karama Holding avait un plan «B» pour le groupe de presse consistant à lui faire subir une restructuration sur le double plan financier et social -ce qui veut dire un dégraissage du personnel afin de réduire les pertes.
Cédée ou pas, Radio Shems FM pourrait elle aussi subir le même traitement car le sureffectif dont elle souffre est le principal facteur ayant jusqu’ici dissuadé les investisseurs à faire des offres de reprise, malgré son positionnement (classée deuxième derrière Mosaïque FM, avec 4,4% de taux d’audience, soit près de 441 000 auditeurs).
Mais que faire de Dar Assabah une fois restructurée ? La mettre de nouveau sur le marché ? Pourquoi pas ? Et si cette énième tentative de vente échouait aussi ? Il ne resterait qu’une solution, connue sous d’autres cieux mais jamais expérimentée en Tunisie : vendre le groupe de presse à son personnel. Le même schéma pourrait aussi être appliquée à Radio Shems FM.
MM