La 13ème session du Forum mondial sur le tabac et la nicotine (GTNF), dans sa version 2020, s’est tenue en ligne cette année en raison de la crise sanitaire mondiale due à la propagation du Sars-Cov-2 , et avait pour thème “Quelles sont les meilleures approches pour un changement durable des industries du tabac et de la nicotine permettant la réduction des risques liés au tabac ?“.
Depuis son lancement à Rio de Janeiro (Brésil) en 2008 jusqu’à aujourd’hui, le GTNF est devenu l’un des principaux forums mondiaux dédiés au tabac et à la nicotine rassemblant des spécialistes de la santé publique, des représentants gouvernementaux, des investisseurs et des professionnels des industries du tabac et de la nicotine. Cette édition automnale du GTFN 2020, a regroupé des speakers issus de 23 pays et a drainé plus de 1400 participants.
Ont participé au GTFN 2020 plusieurs personnalités publiques et experts de la santé publique et du secteur du tabac dont :
- l’écrivain Matt Ridley, membre de la Chambre des Lords du Parlement britannique ;
- Juliu Winkler, député européen et vice-président de la Commission du Commerce international du Parlement européen ;
- Derek Yach, président de la Fondation «Pour un monde sans tabac» ;
- Mitch Zeller, directeur du Centre des produits du tabac de la (DA -Food and Drug Administration et Ian Paisley, député de North Antrim, Royaume-Uni.
Parmi les autres intervenants, citons Clive Bates (directeur de la division Counterfactual), Konstantinos Farsalinos (chercheur au Centre de Chirurgie Cardiaque Onassis en Grèce), David Levy (Pr d’Oncologie à l’Université de Georgetown aux États-Unis), Sally Satel (chercheur résident à l’American Enterprise Institute et professeur de psychiatrie à l’Université de Yale), Marewa Glover (directrice du Centre d’excellence de recherche sur la souveraineté indigène et le tabagisme) et Karl Fagerstrom (psychologue Clinique au Centre d’Information pour les fumeurs en Suède.
L’innovation au service de la réduction des risques liés au tabagisme
L’événement de quatre jours a souligné le rôle positif de la science et de l’expérience accumulée par l’industrie du tabac, en fournissant des perspectives fondées sur des preuves, une réglementation différenciée, la liberté d’innovation, la participation et la communication et un marketing responsable. Lors de débats stimulants, les participants ont discuté de l’avenir des industries du tabac et sur la manière dont elles peuvent créer un changement durable par l’innovation et la réglementation afin de répondre à la demande croissante des consommateurs pour les nouvelles alternatives à la cigarette et de relever les défis constants à l’échelle globale pour transformer les entreprises en des entités citoyennes responsables et redevables qui oeuvrant à garantir un avenir sans fumée.
A cet effet, le professeur Riccardo Polosa, fondateur du CoEHAR, a déclaré que “Les données montrent que si une alternative valable et moins nocive est disponible, les cigarettes conventionnelles peuvent être éliminées progressivement. Pour accélérer ce processus, il est primordial de garantir les meilleurs standards en matière de recherche et développement et mettre en avant l’innovation relative aux nouvelles alternatives. Des millions de fumeurs devraient avoir le droit de choisir de passer à des produits moins nocifs et de réduire le risque pour leur santé, s’ils ne peuvent pas arrêter de fumer par eux-mêmes”.
Docteur Moira Gilchrist de PMI Science – Philip Morris International Science, a déclaré que “nous avons complètement perdu de vue le fait qu’il y a plus d’un milliard de fumeurs dans le monde et que si nous agissons rapidement et avec une réglementation appropriée et appuyée par la science, nous pouvons faire la différence“.
Lors de l’un des panels, Derek Yach a annoncé la publication de l’indice de transformation du tabac, qui vise à accélérer la réduction des dommages causés par le tabagisme. Les principaux objectifs de l’Indice sont de promouvoir l’élimination progressive des produits du tabac combustibles à haut risque et d’accélérer le développement de solutions de rechange à risques significativement réduits pour les consommateurs. L’indice tend à assurer la cohérence des activités de réduction des risques à l’échelle mondiale grâce à des lignes directrices communes.
Clifford Douglas, spécialiste de la politique de lutte contre le tabagisme, du droit, de la défense des droits et de la recherche et directeur de l’École de Santé publique de l’Université du Michigan, va plus loin en pointant du doigt les autorités sanitaires qui mettent sur le même pied d’égalité les cigarettes conventionnelles et les alternatives nocives. Selon lui, «la confusion répandue aujourd’hui que tous ces produits seraient identiques, est bel et bien un crime». Il ajoute : «l’objectif doit être d’essayer de mettre fin aux ventes de cigarettes d’ici la fin de 2025, ce qui implique d’envisager des produits à risque réduit et de mettre fin au bras de fer entre les fabricants et les défenseurs de la santé».
Jonathan Foulds, professeur des Sciences de la Santé publique et de psychiatrie et Codirecteur du Penn State Center for Research on Tobacco and Health, exhorte l’industrie du tabac à travailler avec les autorités de santé publique et les organismes de réglementation pour faire face au changement et aider les fumeurs à changer.
La nicotine innocentée, la combustion du tabac sur le banc des accusés
Lors des discussions du GTNF 2000, tous les spécialistes ont unanimement rappelé que la nicotine n’est pas la cause des dommages sur la santé, mais que c’est plutôt la combustion du tabac qui en est à l’origine. Jonathan Bell, co-fondateur de Ash Park Capital, s’est ainsi exprimé à ce sujet en disant que «la nicotine n’est pas la cause du mal, mais que la combustion l’est. Les investisseurs, les décideurs politiques et les parties prenantes et les fumeurs doivent agir en conséquence pour mettre fin à l’utilisation des produits de combustion et éviter des millions de décès. Les efforts doivent se concentrer sur la transition vers la distribution de nicotine sans combustion».
Colin Mendelsohn, membre du conseil et président fondateur de l’Australian Tobacco Harm Reduction Association, dira que «des informations précises telles que la recherche sur la nicotine doivent être intensifiées».
Clive Bates renchérit : «Il semble que beaucoup ont oublié le vrai problème. La nicotine n’est pas la cause première des maladies liées au tabagisme. Tant que les personnes continuent à inhaler de la fumée dans leurs poumons plusieurs fois par jour, c’est le problème que nous devrions essayer de résoudre».
Mohamadi Sarkar, stratégiste scientifique et affaires réglementaires chez Altria Client Services (ALCS) à Richmond, ayant une expérience dans la réduction des risques liés au tabac, la santé publique et l’engagement, a quant à lui partagé une étude montrant les effets bénéfiques des sachets de nicotine sur la diminution de consommation de cigarettes combustibles. Selon lui, «l’étude ainsi que d’autres recherches montrent que les sachets de nicotine peuvent être un outil efficace pour arrêter de fumer et nous espérons que la FDA sera favorable à ce dispositif».
L’expérience client et la prévention au centre des innovations
Un groupe de discussion intitulé “Des innovations à l’horizon“, rassemblant des experts et des chercheurs en nouvelles technologies, a examiné divers sujets dont l’adoption internationale croissante de la cigarette électronique ou encore le tabac chauffé en tant qu’alternatives moins nocives que la cigarette combustible ; les innovations liées à l’expérience client et à la prévention chez les jeunes ; ainsi que le commerce illicite de cigarettes.
L’optimisation de l’efficacité de transmission de la nicotine dans les derniers dispositifs de vaporisation afin de réduire continuellement la teneur en nicotine pendant le processus de vaporisation, tout en maintenant la même satisfaction liée à la nicotine, est considérée comme une tendance majeure dans le développement des nouveaux dispositifs de vaporisation.
M. Ng, responsable mondial des affaires extérieures de RELX, leader des cigarettes électronique en Asie, a souligné le rôle des technologies, de l’innovation et de la recherche dans l’évolution des pratiques responsables au sein de l’industrie de la cigarette électronique et dans la prévention destinés aux jeunes.
“Outre les innovations produit visant à améliorer l’expérience des utilisateurs adultes, nombreux sont les domaines dans lesquels la science, la recherche et la technologie peuvent compléter les produits. Ceci est particulièrement important pour une industrie comme la nôtre, car nous nous efforçons de maintenir notre engagement en matière de comportement et de pratiques commerciales responsables”.
Comme exemples, il a exposé le système de prévention auprès des mineurs créé par la société et suivant lequel les clients en boutiques doivent se soumettre à une vérification de l’âge via un processus de reconnaissance faciale faisant correspondre leur visage à la photo figurant sur leur pièce d’identité, afin de garantir ainsi qu’ils sont légalement majeurs et autorisés à acheter des cigarettes électroniques.
Dans le même ordre d’idées, il a annoncé que la société est en train de développer un système de traçabilité des produits permettant de faire correspondre les clients, les codes-barres des produits et les emplacements des magasins.