Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est entretenu, jeudi, au Palais de Carthage, avec le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, en visite de travail en Tunisie.
A cette occasion, les deux parties ont évoqué la solidité des relations établies entre la Tunisie et la France, soulignant la nécessité de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
Le président Kaïs Saïed a dénoncé fermement l’attentat terroriste contre un professeur survenu, vendredi dernier, en banlieue de Paris, condamnant les commanditaires de ces actes “inqualifiables” et “affreux”.
Tout en rappelant que “la Tunisie non plus n’est pas épargnée par l’extrémisme”, il a appelé à adopter une nouvelle approche dans la lutte anti-terroriste qui consiste essentiellement à traiter les causes profondes de ce phénomène.
Par ailleurs, l’entretien a été l’occasion d’évoquer la situation en Libye. Le président Kaïs Saïed a mis l’accent sur le rôle de la diplomatie tunisienne qui, a-t-il dit, a réussi dans le fait d’abriter, en novembre prochain, un dialogue entre les protagonistes libyens. “Les libyens doivent rechercher eux-mêmes les solutions qui répondent à la volonté du peuple libyen”, a-t-il ajouté.
“Il n’est pas préférable à ce stade du conflit libyen de recourir aux interventions d’autres acteurs, cela risquerait de compliquer la situation”, a-t-il dit, réaffirmant que la Tunisie s’oppose catégoriquement à “la division de la Libye”.
De son côté, le ministre français a fait observer, dans une déclaration à l’issue de l’entretien, que la France, tout comme la Tunisie, considère qu’en Libye il n’y a pas de solution militaire et que seul un dialogue inclusif peut amener une solution acceptable et durable en dehors de toute ingérence étrangère.
Il a mis l’accent sur l’importance du rôle des pays voisins, étant donné qu’ils sont les premiers concernés par les risques que fait peser cette crise.
(…) Les pays voisins de la Libye peuvent jouer un rôle stabilisateur auprès des acteurs libyens, ils ont un intérêt véritable à la stabilisation de la Libye”, a-t-il ajouté.
Le ministre français a souligné que son pays exhorte les pays voisins de la Libye à soutenir un règlement politique de cette crise, saluant, dans ce contexte, la décision du président Kaïs Saïed d’accueillir le forum de dialogue politique inter-libyen, qui aura lieu, en novembre prochain, sous l’égide des Nations-Unies.
Par ailleurs et tout en saluant le soutien apporté par la France à la Tunisie, le chef de l’Etat s’est félicité de la signature de deux accords dans le cadre du suivi des recommandations de la visite d’amitié et de travail qu’il a effectuée à Paris, en juin dernier, indique la Présidence de la République.
Le président Saïed a, dans ce sens, évoqué deux autres projets qui ont été examinés avec son homologue français Emmanuel Macron. Il s’agit du projet de la cité médicale de Kairouan et celui du Train à Grande Vitesse.
L’entretien a, également, porté sur les préparatifs en cours pour l’organisation du 18e sommet de la Francophonie qui aura lieu en 2021 à Djerba.
Pour sa part, le ministre français a fait savoir que la Tunisie réceptionnera, durant les prochains jours, des aides médicales d’une valeur avoisinant les 500 mille euros, et ce dans le cadre de la coopération bilatérale et la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Dans le même contexte, Le Drian a fait part de la disposition de son pays à financer la construction d’un hôpital à Gafsa.
Il a annoncé la signature avec son homologue Othman Jerandi de deux accords. Le premier concerne l’octroi de 100 millions d’euros dans le cadre de l’appui des politiques gouvernementales relatives aux réformes économiques. Il s’agit de la première tranche d’un prêt de 350 millions d’euros financé par l’agence française de développement.
Le deuxième accord, d’une valeur de 38 millions d’euros, concerne la station de traitement d’eau de Béjaoua qui permettra de sécuriser l’alimentation en eau du Grand Tunis, selon Le Drian.
Par ailleurs, il s’est félicité du succès de la coopération entre les deux pays au Conseil de sécurité des Nations Unies qui a abouti à l’adoption à l’unanimité de la résolution onusienne n°2532 exigeant la cessation des hostilités pour faire face à la pandémie de Covid-19.
A cet effet, il a appelé à poursuivre la coordination entre les deux parties sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, en particulier durant le mois de janvier prochain au cours duquel la Tunisie présidera cet organe onusien.