Le communiqué du Conseil d’administration de la Banque centrale vient de tomber. Clair, net et précis.
Les besoins de financement du budget de l’Etat sont excessifs. Ils vont largement au-delà de l’effet Covid-19. Estimés à 21 milliards de dinars pour solder l’année 2020, il en manque 11 pour les seuls deux derniers mois. Du jamais vu. Et ça ne s’arrête pas là, puisque les besoins pour 2021 seraient, à la date d’aujourd’hui et en attendant qu’ils soient éventuellement revus à la hausse pour intégrer tout ce qui n’est pas comptabilisé, de 19 milliards de dinars.
Le plus grave dans tout cela est que ces sommes colossales sont destinées à couvrir surtout des dépenses de fonctionnement et essentiellement trois postes: salaires, service de la dette et dépenses de compensation. Les dépenses à caractère de développement sont devenues la variable d’ajustement. Dans le budget 2021: sur 53 milliards de dinars de total du budget, ces dernières (dépenses à caractère de développement) ne représenteraient que moins de 7 milliards, la portion congrue.
Face à une telle situation, le Conseil d’administration de la BCT sort le grand jeu. Il rappelle au gouvernement les fondamentaux :
– le recours au financement intérieur pour boucler ces besoins exercerait une pression insoutenable sur le système financier,
– le recours au marché international serait coûteux et incertain,
– l’injection de tels montants par la BCT mettrait en cause les grands équilibres macroéconomiques du pays, la stabilité des prix et la tenue du dinar,
– le financement d’un tel niveau du déficit budgétaire par recours au marché intérieur exercerait un effet d’éviction inacceptable sur le reste de l’économie.
Last but not least: la loi définit la mission de la BCT: celle-ci n’a pas vocation à financer l’Etat sans limites. Son rôle est de veiller à la stabilité des prix et aux équilibres monétaires.