Le professeur universitaire en sciences économiques Ridha Chkoundali a indiqué que le retrait du projet de la loi des finances complémentaire 2020 par le gouvernement de Hichem Mechichi, est une première dans l’histoire du pays et reflète la crise économique dans laquelle est englué le pays.
Chkoundali a relevé dans une déclaration, à l’Agence TAP, que le retrait du projet de la loi des finances complémentaire par le gouvernement est une solution pour prévenir les impacts plausibles, étant donné que le maintien de ce projet de loi aura des répercussions sur l’image du pays auprès des bailleurs de fonds, avec une possibilité de révision de la notation souveraine du pays par les agences de notation internationales.
Il a précisé qu’il vaut mieux retirer le projet de la loi des finances que de le voir être rejeté par la commission des finances à l’ARP qui a refusé son adoption.
Parmi les solutions urgentes pour adopter ce projet de loi, il est impératif que le gouvernement ou les partis partisans, présente une initiative législative en vue d’amender le statut de la BCT.
Cette initiative législative devra stipuler l’amendement de l’article 25 du statut de l’autorité d’émission pour qu’elle soit en mesure d’emprunter à l’Etat ultérieurement.
Toutefois, les engagements financiers de l’Etat envers le FMI pour obtenir un crédit de 743 millions de dollars, inscrits dans la lettre des intentions signée en avril 2020, par le gouverneur de la BCT et l’ancien ministre des Finances Nizar Yaïche, est à même d’entraver cette solution, qui nuit à la crédibilité de l’Etat auprès des bailleurs de fonds.
Le conseil d’administration de la BCT avait réitéré dans un communiqué, publié lors de sa réunion, tenue le 27 octobre 2020, que la Banque Centrale demeure attachée au mandat qui lui a été confié par le législateur, en l’occurrence maintenir la stabilité des prix et contribuer à la stabilité financière, conformément à la loi portant statut de la BCT.
Selon le professeur universitaire, la solution réside en les moyens de la politique monétaire et non pas la politique fiscale, notamment à la lumière de la situation économique et financière dégradée.
Il a poursuivi qu’en absence de solutions fiscales et le besoin urgent de mobiliser des ressources financières, le gouvernement doit recourir aux mécanismes de la politique monétaire pour booster l’investissement et la croissance économique.
L’entreprise économique a besoin de liquidités pour payer les salaires de ses fonctionnaires et acquérir les moyens de production pour créer de la richesse et assurer le recouvrement des impôts dus . Les entreprises économiques ont la possibilité de recourir à l’endettement à des conditions avantageuses auprès des banques avec un faible taux d’intérêt et une période de grâce d’une année pour retrouver leur état initial et résorber les conséquences de la crise sanitaire due au COVID-19, à condition que la BCT fournisse la liquidité nécessaire.
L’expert a ajouté que les mécanismes de la politique monétaire ne se limitent pas à fournir la liquidité en faveur des entreprises, mais plutôt aller jusqu’à l’endettement à travers la modification de l’article 25 du statut de la Banque Centrale dont elle a besoin pour éviter l’inflation.
Chkoundali a fait savoir que l’Etat pourrait s’endetter directement auprès de la Banque Centrale à travers l’émission de bons du trésor, à condition qu’il utilise ce crédit exclusivement pour des objectifs de développement, comme le payement des fournisseurs et des entrepreneurs.
Il a, dans ce cadre, proposé de créer une instance indépendante ayant pour mission de contrôler les usages des endettements par l’Etat pour éviter leur utilisation dans le financement des dépenses de gestion.
Au plan des amendements à introduire au niveau du projet de la loi des finances, le responsable a suggéré de rationaliser davantage les dépenses et proroger le remboursement et le rééchelonnement des dettes des entreprises publiques.
Enfin, Chkoundali a souligné que la Tunisie traverse une crise économique et financière réelle sans précédent pouvant frapper de plein fouet les acquis de la révolution, appelant toutes les parties politiques à renoncer à tout conflit et aller de l’avant pour sauver le pays.