” Le projet de Loi de Finances complémentaire a été retiré pour essayer d’apaiser le débat qu’a suscité le niveau élevé de déficit budgétaire, aux alentours de 14%. Nous allons revoir certains chiffres, bien que justes, en reportant certaines dettes qui pourraient l’être, mais les marges de manœuvres sont très limitées et le déficit budgétaire sera au mieux, ramené à 12% dans la nouvelle copie “, a indiqué, mardi, le Chef du Gouvernement, Hichem Mechichi.
Lors d’une conférence de presse tenue au palais d’Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd, Mechichi a souligné que “le niveau élevé de déficit budgétaire pour 2020, résulte pour une petite part, des répercussions de la crise sanitaire du coronavirus, mais surtout de la façon dont les chiffres du budget ont été présentés durant les dernières années et des scénarios optimistes qui étaient inscrits à tort, dans ces budgets “.
” Ce gouvernement a choisi de stopper l’hémorragie et le projet de LFC 2020 a été présenté en toute transparence et conformément aux normes. Etre choqué du niveau élevé de déficit que révèle ce projet, me renvoie à l’idée de briser le miroir quand l’image qu’il renvoie n’est pas conforme à ce que l’on en attendait, car tous les intervenants économiques dont la Banque centrale de Tunisie, étaient au courant de la manière dont les différents budgets ont été présentés “.
Et de poursuivre “nous tenons beaucoup à l’indépendance de la Banque centrale et nous sommes conscients de l’importance des paramètres qu’elle défend (inflation, parité du dinar), mais la BCT évolue elle aussi, dans le même contexte économique que le reste des intervenants et elle est certainement consciente, que d’autres paramètres sont tout aussi importants, à savoir ceux relatifs à l’approvisionnement des citoyens en nourriture, en médicaments ou en hydrocarbures, surtout dans ce contexte de crise sanitaire dont les répercussions devraient se sentir encore pour au moins, deux ans “.
” Que la Banque centrale joue un rôle dans le financement du déficit budgétaire à travers l’émission de bons de trésors assimilables, n’est pas d’une invention tunisienne. Plusieurs pays y compris les plus libéraux ont eu recours à cette solution, dont le Maroc et l’Egypte”, a-t-il souligné.
” Cela ne sert à rien d’avoir une inflation maîtrisée quand le peuple a faim. Il faut trouver cet équilibre entre les différents paramètres et nous comptons beaucoup dans ce sens sur la compréhension des différents intervenants “.
Répondant à une question sur les solutions à adopter en cas de refus de la BCT de financer le déficit budgétaire, le Chef du Gouvernement a indiqué ” notre relation avec la Banque centrale n’obéit pas à la logique de refus ou d’acceptation. Nous allons ensemble à travers le dialogue, trouver les mécanismes qui permettront à la BCT de contribuer au financement du déficit budgétaire, en préservant les paramètres qui relèvent de sa responsabilité. La responsabilité de sauver le pays est commune et la Banque centrale est responsable tout autant que le reste des acteurs économiques “.
Mechichi a, par ailleurs, fait savoir que ” la nouvelle version du PLFC 2020 est bouclée et qu’elle va être retransmise à la commission parlementaire des finances, bien que les ajustements apportés sont minimes, pour pouvoir se pencher finalement sur la Loi de Finances 2021, afin de mettre en place les grandes réformes qui ont beaucoup tardé “.