La région de l’Afrique du Nord peut devenir un moteur de la transformation digitale en Afrique, à condition de concevoir un cadre réglementaire adéquat, de développer les compétences humaines et les investissements destinés à l’innovation et d’opter pour l’échange d’informations et d’expertises entre les pays de la région. C’est ce que pense Jean-Paul Adam, directeur chargé des technologies, du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Intervenant lors d’un webinaire organisé mercredi 4 novembre 2020 sur le thème “Innovations et nouvelles technologies en Afrique du Nord, dans le contexte de la Covid-19”, Adam a souligné que les nouvelles technologies seraient un levier indispensable pour accélérer le rétablissement économique des pays d’Afrique du Nord et leur permettre de s’adapter au nouveau contexte économique mondial.
Il appelle les pays du Maghreb à adopter, en urgence, de nouvelles trajectoires de croissance durables, tout en ayant recours à ces technologies de pointe, d’autant plus qu’ils bénéficient d’une bonne infrastructure technologique et d’un important taux de pénétration Internet auprès des ménages.
D’après lui, l’Internet est un moteur de création de la valeur et de la richesse, au vu qu’il permet aux entreprises de conquérir de nouveaux marchés, aux chômeurs d’accéder à des postes de travail dans le domaine du digital, et aux administrations de faciliter l’accès des citoyens aux services publics.
Pour sa part, Saad Badaoui, représentant du think tank marocain Policy Center for the New South (PCNS), estime impératif de mobiliser les financements nécessaires au profit de l’innovation et d’appuyer les start-up de la région, pour concevoir des solutions digitales et innovantes, ce qui est en mesure d’atténuer les difficultés économiques, dues à la crise sanitaire du Covid-19.
Le scientifique affirme que cette crise a entraîné une profonde réorganisation des priorités stratégiques nationales, accéléré la transition vers la numérisation, générant au passage un fort besoin de transformation systémique des tissus économiques.
De même, a-t-il mentionné, la crise a favorisé l’amélioration de la capacité de riposte chez les nations, dont les pays du Maghreb, d’où le développement et l’exploitation optimale des technologies de base (télétravail, enseignement à distance…), et la conception de nouvelles technologies innovantes, dans les domaines médical et sécuritaire, dont la mise en service de drones et robots pour surveiller le niveau de respect des mesures de confinement.
Mettant l’accent sur l’éducation à distance, Kais Mejri, directeur général de l’Innovation et du Développement Technologique, au ministère tunisien de l’industrie, de l’Energie et des Mines, a estimé que nos pays maghrébins font face à plusieurs défis afin de pouvoir relever le défi de le e-éducation.
“Nous sommes aujourd’hui face à une nouvelle approche éducative, qui se base sur le principe d’adapter le savoir au parcours et besoin personnel de chaque apprenant, et durant toute sa vie. On ne parle plus d’un modèle de diplôme prédéfini, mais plutôt de développement de compétences à la carte, pour chacun”, a-t-il dit.
Dans ce cadre, il juge nécessaire de développer les compétences technologiques et les talents des enseignants et des apprenants, et d’encourager le développement de contenu pédagogique adéquat et à la page de nouveaux besoins du marché de l’emploi, et ce, tout en respectant l’éthique professionnelle et les informations personnelles de tout un chacun.
A noter que cette rencontre a été organisée à l’initiative du Bureau de la CEA en Afrique du Nord, du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb et Policy Center for the New South.